Une photographie positive des comptes publics
À Brazzaville, la Cour des comptes et de discipline budgétaire dresse un tableau encourageant des finances publiques pour l’exercice 2024.
Son président par intérim, Emmanuel Kamba, explique que les recettes ont progressé tandis que les dépenses courantes ont été davantage contenues.
« L’État a bien géré les finances publiques en 2024 », affirme-t-il, pointant une amélioration « nette et mesurable ».
Le Trésor public et le ministère des Finances, audités sur l’ensemble de leurs opérations, obtiennent un avis de conformité positif.
Cette appréciation tranche avec certaines années précédentes jugées plus irrégulières, soulignent plusieurs sénateurs présents à la séance de travail.
Des indicateurs macroéconomiques en expansion
Selon la Commission économique et financière du Sénat, le produit intérieur brut atteint 9 000 milliards de F.CFA, contre 8 000 en 2023.
Cette progression d’environ 12,5 % est perçue comme la preuve d’une dynamique économique soutenue par des réformes structurelles.
Les recettes hors pétrole ont également grimpé, preuve que la diversification gagne du terrain, indique une note interne de la commission.
Le taux d’exécution des investissements publics dépasse 80 %, contre 65 % cinq ans plus tôt, chiffre jugé « très encourageant ».
Les analystes estiment que cette meilleure absorption des crédits d’équipement irrigue les chantiers routiers et sociaux des principales villes.
Le rôle central de la loi de règlement
La loi de règlement, examinée chaque année, arrête de façon définitive les comptes de l’exercice précédent.
Elle offre au Parlement un instrument de contrôle et de transparence, avant l’étude du budget futur.
Pour 2024, son examen intervient juste avant la session consacrée au projet de loi de finances 2026, respectant le cycle budgétaire.
Emmanuel Kamba rappelle que la Cour formule des recommandations, « souvent retenues par le gouvernement pour préparer le budget suivant ».
Cette passerelle technique est jugée essentielle pour ancrer la discipline financière sur le long terme.
Des ajustements salués par les sénateurs
Le rapport présenté trouve un écho favorable dans l’hémicycle du Palais des congrès.
Le sénateur Florent Mantala, membre de la commission, se félicite « d’un exercice de vérité qui consolide la confiance des partenaires ».
Plusieurs élus notent la réduction du déficit primaire et l’amélioration de la trésorerie de l’État sur les six premiers mois de 2024.
Ils soulignent aussi la régularité des paiements dus aux collectivités locales, facteur de stabilité pour les services de proximité.
L’opposition parlementaire, présente mais modeste en effectifs, reconnaît « des avancées techniques indéniables », même si elle appelle à poursuivre les efforts.
Des dépenses publiques mieux cadrées
Le plafonnement des dépenses de personnel, fixé à 35 % des recettes internes, a été respecté selon la Cour des comptes.
Le ministère du Budget affirme que la masse salariale reste maîtrisée grâce aux audits d’effectifs et à la dématérialisation de la paie.
Les dépenses sociales, elles, ont progressé de 18 % pour accompagner les programmes d’éducation et de santé primaires.
Dans le même temps, les subventions aux produits pétroliers ont été réduites grâce à une meilleure planification logistique.
Ces arbitrages, jugés structurants, libèrent des marges pour l’investissement productif et l’allègement de la dette intérieure.
La dette sous surveillance attentive
Au 30 septembre, l’encours de la dette publique représente 63 % du PIB, en baisse de trois points sur un an.
Le ministère des Finances explique cette tendance par la mise en œuvre d’une stratégie d’allongement des maturités.
Une part croissante des ressources d’emprunt provient désormais des marchés régionaux, à des taux jugés compétitifs.
La discipline dans la sélection des projets financés limite les risques de surendettement, remarque l’économiste Paul Makon.
Il insiste toutefois sur la nécessité de maintenir la trajectoire pour atteindre le seuil communautaire de 60 % du PIB.
Une transparence budgétaire renforcée
La publication régulière des rapports trimestriels sur les finances publiques, accessible en ligne, constitue un progrès notable, selon Transparency Congo.
Le portail budgétaire, lancé l’an dernier, permet aux citoyens de suivre l’exécution des programmes en temps réel.
Pour Élodie Massanga, enseignante-chercheuse, « l’information budgétaire devient plus lisible, ce qui renforce la redevabilité des administrations ».
La Cour des comptes prévoit d’étendre ses contrôles aux entreprises publiques afin de couvrir l’ensemble du périmètre de l’État.
Cette extension, attendue en 2025, devrait encore crédibiliser la trajectoire vertueuse engagée.
Les moteurs de la croissance 2024
La production pétrolière demeure un pilier, mais l’agriculture commerciale a enregistré un bond de 9 %, soutenue par des programmes d’irrigation.
Le secteur du bâtiment profite des investissements publics dans les routes nationales 3 et 7, dynamisant l’emploi à Pointe-Noire et Ouesso.
Les télécommunications affichent une hausse de 14 % du chiffre d’affaires, portée par l’expansion de la 4G et des services mobiles.
Ces performances diversifiées réduisent la vulnérabilité de l’économie face aux fluctuations des cours internationaux.
Elles ouvrent, selon la banque sous-régionale BDEAC, « une fenêtre d’opportunités pour l’industrialisation légère ».
Enjeux et défis pour 2025
La consolidation budgétaire doit se poursuivre, notamment via l’élargissement de l’assiette fiscale non pétrolière.
Les autorités projettent d’introduire une taxe numérique, mesurée, pour capter une partie de la valeur créée en ligne.
Les réformes de la fonction publique, axées sur la performance, visent à moderniser les services rendus aux citoyens.
Le gouvernement veut aussi accélérer le paiement des arriérés envers les PME afin de soutenir la trésorerie du secteur privé.
Ces chantiers nécessiteront un suivi rigoureux pour préserver la crédibilité acquise au cours de l’exercice 2024.
Cap sur le budget 2026
La session budgétaire qui s’ouvre demain examinera le projet de loi de finances 2026, élaboré sur la base des enseignements 2024.
Les marges créées par la bonne gestion actuelle pourraient financer de nouveaux programmes d’infrastructures sociales.
Le ministère du Plan évoque des priorités dans l’alimentation en eau potable des quartiers périphériques de Brazzaville.
Les sénateurs entendent suivre l’évolution des dépenses d’investissement pour s’assurer de leur impact concret sur la vie des populations.
Le président intérimaire de la Cour des comptes conclut : « Nous continuerons à veiller à la sincérité et à la régularité des comptes publics ».
