La capitale maritime en effervescence
Pointe-Noire revêt ses habits de grand jour à l’approche du 45e Conseil annuel de l’Association de gestion des ports de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, prévu du 4 au 7 novembre. Les banderoles déjà visibles annoncent l’arrivée de délégations venues de 24 pays.
Placée sous le haut patronage du président Denis Sassou Nguesso, la rencontre s’inscrit dans la stratégie nationale de valorisation du corridor Atlantique. Le gouvernement, les autorités portuaires et la mairie affûtent la logistique afin d’offrir un accueil exemplaire aux participants.
Un thème au cœur des enjeux portuaires
Le fil rouge des travaux, « Réinventer la gestion domaniale portuaire », reflète l’urgence d’adapter les infrastructures aux défis climatiques et commerciaux. Responsables et experts discuteront gouvernance foncière, sobriété énergétique et résilience face aux chocs économiques ou environnementaux.
Le secrétaire général de l’Agpaoc, Michael Luguje, insiste : « Une exploitation durable du domaine portuaire renforcera notre compétitivité collective ». Son homologue congolais au Port autonome de Pointe-Noire voit dans le thème une opportunité d’accélérer la modernisation déjà amorcée depuis plusieurs années.
Une vitrine pour l’économie congolaise
Organisateurs et observateurs s’accordent à dire que l’événement constitue une vitrine pour l’économie nationale. Le PAPN, premier contributeur aux recettes douanières du pays, pourra exposer ses performances en matière de trafic conteneurisé et de manutention de vrac minéral.
Selon la direction générale, le port a franchi le cap des 1,2 million d’EVP en 2022, soit une progression de 8 % malgré un contexte international tendu. Cette dynamique, soutenue par les investissements publics et privés, sera largement détaillée aux invités.
Programmes et échanges attendus
Quatre jours durant, les délégués prendront part à des panels stratégiques, des sessions techniques et des rencontres B to B consacrées aux chaînes logistiques régionales. Les thématiques iront de la digitalisation des guichets uniques au financement vert des terminaux.
Le 6 novembre sera réservé à la 20e Table ronde des directeurs généraux, un format fermé où seront évoqués gouvernance, sûreté et compétitivité tarifaire. Les recommandations doivent nourrir une déclaration finale appelée à guider les ports membres pour les douze prochains mois.
En marge, la délégation congolaise organisera des rendez-vous avec des armateurs et des bailleurs internationaux. « Nous voulons attirer de nouvelles lignes et consolider notre rôle de hub pour la sous-région », explique un cadre du ministère des Transports, confiant.
Des retombées locales palpables
Les hôteliers de la côte signalent déjà un taux de réservation supérieur à 90 %. Restaurants, artisans et compagnies de taxi s’attendent à une hausse sensible du chiffre d’affaires. Le maire par intérim, Florent Ntsiba, parle d’« une bouffée d’oxygène bienvenue pour nos PME ».
Les autorités assurent que la circulation sera maîtrisée grâce à un plan de mobilité temporaire. Des navettes électriques relieront l’aéroport Antonio Agostinho Neto aux hôtels du centre, afin de limiter la congestion et les émissions de CO₂, soulignent les services municipaux.
Le volet social n’est pas oublié. Une journée portes ouvertes permettra aux étudiants de l’Institut supérieur de transport maritime de dialoguer avec les décideurs. Des offres de stage et de formation continue seront proposées, illustrant la volonté d’impliquer la jeunesse dans l’économie bleue.
Le PAPN, un hub régional en mutation
Ces dernières années, le Port autonome de Pointe-Noire a multiplié les projets : extension du quai de 800 mètres, acquisition de grues pórtico et mise en service d’un système de gestion numérique des opérations. Les gains de productivité atteignent 18 %, selon la direction.
Le chantier du terminal minéralier, mené en partenariat public-privé, avance également. Il doit renforcer les exportations de potasse et de fer produites dans le couloir de la Bouenza. Une fois opérationnel, il générera plusieurs centaines d’emplois directs et indirects.
Pour les spécialistes, ces investissements positionnent Pointe-Noire comme la porte d’entrée naturelle de la Zone de libre-échange continentale africaine. « Nous voulons être prêts lorsque les flux intra-africains s’intensifieront », confie-t-on au Conseil congolais des chargeurs.
Cap sur novembre
À quelques jours de l’ouverture, les regards du secteur maritime se tournent vers la ville océanique. Entre ambitions économiques et volonté d’intégration régionale, le 45e Conseil de l’Agpaoc promet de confirmer la place du Congo sur la carte des grands corridors africains.
Coopération Sud-Sud en action
L’Agpaoc revendique depuis sa création en 1972 une approche collaborative. Les participants de Pointe-Noire prévoient de signer plusieurs mémorandums de jumelage entre capitaineries afin de mutualiser les outils de veille météorologique, cruciaux pour prévenir les risques de houle et sécuriser les escales.
La dimension Sud-Sud sera aussi illustrée par un atelier d’experts venus du Ghana, du Cameroun et du Nigéria sur l’optimisation des fenêtres nautiques. « Nos ports ont des réalités proches ; partager nos retours d’expérience fait gagner du temps à tous », affirme le capitaine ghanéen Mensah.
Un rendez-vous sous haute sécurité sanitaire
Les organisateurs rappellent que les dispositifs sanitaires mis en place lors des précédentes manifestations internationales restent applicables. Des équipes de la Croix-Rouge congolaise procèderont à des contrôles de température et mettront à disposition des stations de lavage des mains dans toutes les zones d’affluence.
