Un cinquième héros retrouvé
Le corps du maréchal des logis chef Serge Divin Miyokidi Bazola est revenu à Brazzaville, un mois après l’accident fluvial de la rivière Obela Mpoko en Centrafrique qui avait coûté la vie à cinq Casques bleus congolais.
Retrouvé le 15 octobre, le militaire de 29 ans a immédiatement été rapatrié pour recevoir les honneurs de la Nation aux côtés de ses camarades déjà inhumés, symbolisant l’achèvement d’un douloureux chapitre pour les forces de paix.
Une mission sous le drapeau de l’ONU
Le maréchal des logis chef appartenait à l’Unité de police constituée numéro 11 de la MINUSCA, déployée afin de soutenir la stabilité et la protection des civils en République centrafricaine, un engagement salué par les autorités congolaises et les partenaires internationaux.
Ces policiers militaires, formés à la fois au maintien de l’ordre et à l’accompagnement institutionnel, reçoivent régulièrement les félicitations des Nations unies pour leur professionnalisme, comme l’a rappelé la représentante spéciale Valentine Rugwabiza lors d’un récent point de presse.
Une carrière exemplaire
Né le 7 juillet 1996, Serge Divin Miyokidi Bazola grandit à Dolisie avant d’intégrer la gendarmerie nationale à 18 ans, juste après l’obtention de son baccalauréat scientifique, démontrant déjà une vocation affirmée pour le service public.
Affecté cinq ans à l’escadron mobile de Dolisie, il se distingue par sa rigueur et décroche en 2023 le diplôme d’officier de police judiciaire, jalon essentiel qui lui ouvrira la sélection onusienne quelques mois plus tard.
Selon le colonel-major Bède Florentin Mbika, le jeune sous-officier incarnait « l’exemple du soldat moderne, attaché aux valeurs de courage, de discipline et de solidarité, qualités précieuses pour une force appelée à rayonner hors de nos frontières ».
Une cérémonie d’hommage émouvante
La place d’armes de la Région de gendarmerie de Brazzaville s’est parée de drapeaux tricolores et de guirlandes blanches, tandis qu’une foule recueillie attendait l’arrivée du cercueil recouvert du drapeau national, escorté par une garde d’honneur impeccablement synchronisée.
Le ministre de l’Intérieur Raymond Zéphirin Mboulou, le président de la Commission défense Henri Zoniaba Ayimesson et plusieurs familles parlementaires se sont joints aux hommages, témoignant de la solidarité de l’État envers ses soldats déployés à l’étranger.
Un détachement a tiré trois salves nourries, puis la cornemuse de la fanfare a entonné le traditionnel chant des partants, arrachant des larmes aux camarades de promotion qui, la main sur le béret, saluaient une dernière fois le maréchal des logis chef.
Les mots des autorités
Dans son oraison funèbre, le colonel-major Mbika a rappelé que « servir sous les armes exige la disponibilité permanente et l’acceptation du risque », soulignant que le sacrifice du jour illustre la fidélité indéfectible de la gendarmerie aux idéaux de la République.
Le ministre Mboulou a, pour sa part, indiqué que la Nation continuerait d’honorer ses engagements au sein des missions onusiennes, car « la paix internationale se construit également sur le courage de nos fils et filles ».
L’engagement congolais pour la paix
Depuis 2014, près de deux mille policiers et militaires congolais se sont relayés en Centrafrique, participant à la sécurisation des élections, à la formation de la police locale et à la réhabilitation d’infrastructures essentielles comme les postes frontaliers et les tribunaux.
Le commandement de la MINUSCA loue régulièrement la coopération avec Brazzaville, citant les troupes congolaises parmi les plus disciplinées du contingent africain, ce qui contribue à l’image positive du pays sur la scène régionale.
Le chef d’état-major général, le général Guy Blanchard Okoï, rappelle d’ailleurs que « ce dévouement nous engage à renforcer encore la formation et l’équipement de nos unités projetées afin d’assurer, partout, la sécurité de nos hommes ».
Le soutien aux familles endeuillées
Le Fonds de solidarité des forces de l’ordre, abondé par l’État et par les partenaires internationaux, a déjà débloqué une première aide destinée aux cinq familles éplorées, comprenant un appui financier direct et la prise en charge des frais scolaires des enfants.
L’épouse de l’agent, Nadège, a confié sa « gratitude envers les autorités et le corps » tout en soulignant la nécessité de demeurer soudés : « Serge rêvait d’un Congo prospère, nous devons transformer notre douleur en force pour continuer son œuvre ».
Un suivi psychologique est également proposé par le Service de santé des armées, qui prévoit des cellules d’écoute dans les brigades d’origine des cinq soldats, afin que les proches bénéficient d’un accompagnement durable.
Une mémoire qui unit
En fin de cérémonie, le portait souriant du maréchal des logis chef a été remis à sa mère, pendant qu’une minute de silence était observée partout dans les casernes du pays, rappelant l’unité intangible qui lie civils et militaires.
Le 16 septembre deviendra, selon le ministère de la Défense, une date de recueillement annuel pour commémorer les cinq casques bleus disparus dans la rivière Obela Mpoko et, au-delà, tous les soldats congolais tombés en opération extérieure.
