Signature d’un pacte civique à Brazzaville
La salle de conférence de l’Institut de management de Brazzaville vibrait, le 30 octobre, au rythme des signatures et des flashs. En apposant leurs paraphes, le Dr Luc Daniel Adamo Mateta et le PDG Sylvain Yangangwa Syoge ont scellé un pacte éducatif inédit.
La convention lie désormais le Haut-commissariat à l’instruction civique et à l’éducation morale au campus privé, avec une idée centrale : façonner un citoyen patriote, discipliné et responsable, capable de conjuguer excellence académique et engagement au service d’un Congo toujours plus souverain.
Former des consciences patriotes et compétentes
Devant les étudiants rassemblés, le haut-commissaire a rappelé que la « richesse essentielle d’une nation demeure la qualité intellectuelle et morale de ses enfants ». Pour lui, intégrer l’instruction civique au cursus n’est pas un supplément, mais le socle qui donnera sens aux diplômes.
Le PDG de l’IMB Business School abonde : « Former l’élite congolaise, c’est d’abord façonner des consciences ». Selon lui, l’éthique du travail, l’amour de la patrie et la solidarité nationale doivent infuser chaque filière afin que compétence rime, demain, avec probité.
Derrière les formules, un programme exhaustif se dessine. Des modules dédiés au civisme, à l’éthique et au leadership patriotique rejoindront les cours de management, tandis que conférences, séminaires et actions citoyennes rythmeront la vie des campus de Brazzaville, Kintélé, Ouesso et Pointe-Noire.
Un programme pratique déjà en chantier
Pour le Dr Mateta, ces activités seront l’occasion de « sortir la citoyenneté des manuels ». Les étudiants mèneront des journées de salubrité, des ateliers sur la non-violence ou des campagnes de sensibilisation au vote, autant de passerelles concrètes entre théorie et terrain.
L’accord intervient dans un contexte où plusieurs institutions d’enseignement supérieur repensent leur responsabilité sociale. Depuis 2021, l’Université Marien-Ngouabi a, elle aussi, renforcé ses cours d’éthique professionnelle. Le mouvement gagne donc les établissements privés, soutenus par les autorités éducatives et les partenaires de développement.
Cette dynamique répond aux objectifs du Plan national de développement 2022-2026, qui valorise les valeurs républicaines. Le ministère de l’Enseignement supérieur encourage la création de cellules de civisme dans les grandes écoles pour accompagner la modernisation du système universitaire.
À l’IMB, les premières sessions pilotes débuteront dès le prochain semestre. Un comité mixte, composé d’enseignants, d’anciens élèves et de représentants du Haut-commissariat, accompagnera le déploiement. Les indicateurs d’évaluation porteront autant sur l’assiduité que sur l’engagement communautaire des apprenants.
Un mouvement soutenu par les autorités
Chercheur en sciences de l’éducation, Armand Nkouka juge l’initiative exemplaire : « La formation technique seule ne suffit plus. Les entreprises recherchent des profils éthiques, capables de leadership social ». Selon lui, associer le Haut-commissariat garantit un référentiel cohérent avec les politiques nationales.
Du côté des étudiants, l’enthousiasme est palpable. Prisca, étudiante en troisième année de marketing, confie qu’elle attend « des cours qui montrent comment servir son quartier autant que son entreprise ». Pour elle, la cohésion sociale passe par des comportements responsables avant les discours.
Le partenariat s’inscrit également dans une volonté de préparer les futures fonctions publiques. De nombreux diplômés d’écoles de commerce rejoignent, après leurs études, les administrations centrales ou territoriales. Leur inculquer la culture du devoir pourrait, à terme, renforcer la qualité du service rendu aux citoyens.
Sur le plan pédagogique, les responsables de l’IMB promettent des approches interactives : cas pratiques inspirés de la vie municipale, simulations de situations électorales, mais aussi études comparées sur les grands textes de la République. L’objectif est de faire vivre les valeurs plutôt que de les réciter.
À plus long terme, le Haut-commissariat envisage d’étendre ce modèle à d’autres instituts, publics comme privés, afin de créer un réseau d’écoles ambassadrices du civisme. Les expériences seront mutualisées, prolongeant l’effet d’entraînement suscité par l’engagement pionnier de l’IMB Business School.
Déploiement, perspectives et retombées
Le coût de l’opération reste modeste : la majorité des interventions sera assurée par des cadres bénévoles du Haut-commissariat et des alumni volontaires. Les budgets iront surtout aux supports pédagogiques et à la logistique des activités citoyennes hors des salles de classe.
En signant ce protocole, les deux partenaires affirment qu’il ne s’agit pas d’un événement ponctuel mais d’une démarche durable. La cérémonie s’est conclue par une citation d’un ancien président congolais : « L’éducation d’un peuple forge sa liberté ». Applaudissements nourris.
Le rendez-vous est pris pour le mois prochain, date prévue du premier cours magistral de civisme appliqué. Dans l’amphithéâtre, les étudiants devront dresser un diagnostic de leur quartier puis proposer un micro-projet communautaire. Le lien concret entre savoir et action prendra ainsi forme.
Pour les responsables académiques, l’enjeu dépasse l’école. Ils espèrent qu’en cinq ans, une génération d’étudiants aura intégré ces codes civiques, créant un effet boule de neige dans les familles.
Le Haut-commissariat y voit un laboratoire grandeur nature pour adapter ses outils pédagogiques avant de les diffuser dans les lycées et centres de formation professionnelle, où la demande de repères éthiques s’exprime avec force.
