Brazzaville s’embrase après la victoire
Le soleil déclinait déjà sur le stade Président-Alphonse-Massamba-Débat lorsque le coup de sifflet final a libéré les supporters. Un rugissement parcouru de klaxons a éclaté dans les rues voisines : l’AS Otohô venait de s’imposer 2-0 et d’assurer sa place en phase de groupes continentale.
Dans les gradins, drapeaux bleu et jaune levés, les familles de Brazzaville ont célébré ce succès comme un bien commun. « C’est toute la ville qui gagne », souriait André, commerçant du Plateau des 15 Ans, la voix couverte par les vuvuzelas.
Une double confrontation parfaitement gérée
Le représentant congolais avait déjà pris une option solide une semaine plus tôt à Maputo en s’imposant 1-0. Au retour, il a confirmé son statut, dominant physiquement et techniquement le Ferroviário de Maputo, vice-champion du Mozambique, sans jamais paraître réellement en danger.
Des défenseurs buteurs et décisifs
Le score s’est ouvert dans le temps additionnel de la première période : Prince Moundza-Mapata a transformé avec sang-froid un penalty provoqué par Ouattara. Au retour des vestiaires, l’arrière gauche Charles Atipo a doublé la mise d’une frappe croisée, scellant l’issue de la rencontre.
Troisième présence en phase de groupes
Cette qualification constitue la troisième entrée d’AS Otohô dans la cour des grands de la Coupe de la Confédération CAF. « Atteindre un sommet est déjà remarquable, s’y maintenir montre de la constance », analyse l’entraîneur Arsène Ngouala, convaincu que « l’expérience accumulée sera un atout majeur ».
Une Ligue 1 en pause qui interroge
Si la fête est belle, l’horizon domestique demeure flou. Le championnat national, dont le lancement était annoncé pour septembre, n’a toujours pas débuté. Pour Otohô, cela signifie l’absence de matches compétitifs réguliers avant l’ouverture de la phase de groupes fixée au 21 novembre.
Le risque d’un manque de rythme
« Un joueur a besoin de compétition pour rester affûté », rappelle le préparateur physique Hervé Makita. Sans championnat, la charge d’entraînement doit être rééquilibrée avec des rencontres amicales, moins exigeantes que la haute compétition. Le danger : arriver émoussé ou à court de repères collectifs.
Préparation tactique et cohésion, piliers du succès
Le staff technique mise donc sur des séances spécifiques axées sur la transition rapide et la conservation sous pression. Des mini-stages sont prévus à Owando et Pointe-Noire pour renforcer la cohésion de groupe. « Nos gars devront être prêts mentalement et physiquement dès le premier match de poule », insiste Ngouala.
La relance attendue des compétitions domestiques
Dirigeants de clubs et fédération s’accordent sur l’urgence d’ouvrir les stades afin de relancer la Ligue 1. Dans les coulisses, des discussions avancées portent sur un coup d’envoi début novembre, scénario qui offrirait deux ou trois journées de championnat aux Oyoïens avant l’Afrique.
Voix du terrain et appel à l’action
Pour le capitaine Chancel Bidimbou, « chaque match local est une répétition générale. Jouer, c’est notre carburant ». Même discours chez la supportrice Joséphine Mbemba : « Nous voulons retrouver les tribunes, encourager nos équipes et vivre des moments de partage. »
Un enjeu économique et sociétal
Au-delà du sport, la reprise des rencontres dynamiserait le petit commerce autour des stades, de la restauration informelle aux taxis. Les associations de jeunes soulignent également l’effet fédérateur du football pour la cohésion sociale dans les quartiers.
Cap sur le tirage au sort du 3 novembre
Le sort désignera le 3 novembre les futurs adversaires d’AS Otohô. Dans les couloirs du club, on confie espérer éviter les grosses cylindrées nord-africaines et défier plutôt des formations d’Afrique australe, moins familières des climats équatoriaux.
Une fenêtre de repos très courte
Entre le tirage et le premier match le 21 novembre, le calendrier sera serré. Les joueurs bénéficieront d’à peine trois jours de repos avant d’enchaîner avec un stage bloqué à Kintélé, centré sur la récupération active et la mise en place tactique spécifique à l’adversaire tiré.
Atouts et limites d’un effectif stable
Le groupe a peu changé depuis la dernière campagne continentale, un gage d’automatismes. En revanche, la profondeur de banc reste limitée sur certains postes, notamment en attaque, où l’absence prolongée de Ludovic Ngatsongo, blessé au genou, pèse sur la rotation.
Le soutien institutionnel, un levier précieux
Les autorités sportives rappellent leur engagement à accompagner les clubs engagés sur la scène africaine. Une enveloppe logistique pour les déplacements et les primes de performance est annoncée, signe d’une volonté de voir les représentants congolais briller et hisser haut les couleurs nationales.
Objectif : passer la barre des quarts
AS Otohô ne cache plus son ambition : franchir enfin le cap des quarts de finale. « Nous voulons écrire une nouvelle page de notre histoire », confie le milieu défensif Junior Bissila. Le public, lui, rêve déjà de soirées européennes – pardon, africaines – à suspense.
Une dynamique positive pour le football congolais
La qualification d’Otohô offre une vitrine valorisante pour le football local, susceptible d’attirer sponsors et jeunes talents. Elle rappellerait aussi, si besoin était, l’importance d’organiser une compétition domestique forte pour nourrir l’élite et porter haut les ambitions du pays.
La balle est désormais dans le camp des décideurs
Aux gestionnaires de la Ligue 1 et aux acteurs institutionnels de finaliser rapidement le calendrier national. Les supporters savent que l’avenir continental d’AS Otohô se jouera aussi, en partie, sur les pelouses de Pointe-Noire ou de Dolisie. Tous attendent le coup d’envoi avec impatience.
