Natalia Djombo, une figure discrète célébrée
Épouse de l’ancien ministre d’État Henri Djombo, Natalia Jeltoborodova est décédée le 25 octobre à Paris à l’âge de 73 ans. La nouvelle a touché de nombreux Congolais et amis du couple, tant au pays qu’en diaspora.
Née le 8 septembre 1951, elle avait côtoyé les milieux culturels et humanitaires sans jamais rechercher la lumière. Ses proches saluent une « présence attentive », capable d’allier rigueur professionnelle et chaleur dans l’entourage familial.
« Elle savait écouter avant de parler », résume Clément Mouanda, ami du couple, persuadé que cette bienveillance restera « sa marque ». Le choc de sa disparition s’est rapidement transformé en mobilisation pour lui rendre un adieu digne.
Un recueillement empreint d’émotion aux Joncherolles
Les funérailles ont eu lieu vendredi 31 octobre au funérarium des Joncherolles, à Villetaneuse, dans le nord de la capitale française. Dès l’aube, des visages venus de Brazzaville, d’Orléans ou d’Île-de-France se recueillaient autour du cercueil.
Un chœur a entonné des cantiques en lingala, tandis qu’une brève homélie rappelait « l’espérance de la résurrection ». Les fleurs blanches choisies par la famille contrastaient avec le drapeau tricolore congolais déployé à l’entrée.
Selon l’agence funéraire, près de 250 personnes ont signé le registre de condoléances. La logistique sanitaire liée au transport international du corps a été prise en charge par la compagnie ECAIR, facilitant le retour vers Brazzaville.
Présence des autorités congolaises
L’ambassadeur du Congo en France, Rodolphe Adada, accompagné de son épouse, a conduit la délégation diplomatique. « Nous saluons une femme de devoir et de fidélité », a-t-il déclaré avant de remettre aux proches un message officiel de condoléances.
Le ministre-conseiller Armand Rémy Balloud-Tabawé, rejoint par des cadres d’entreprises publiques, a aussi fait le déplacement. Cette présence illustre la solidarité des pouvoirs publics envers les familles congolaises de la diaspora endeuillées.
Au nom de l’Assemblée nationale, le député Aimé Hyde a remis une gerbe ornée de rubans aux couleurs parlementaires. « C’est un geste de fraternité envers notre collègue Henri Djombo », a-t-il précisé, salué par de chaleureux applaudissements.
Le voyage de la dépouille vers Brazzaville
Après la mise en bière, le cercueil hermétique a rejoint l’aéroport de Roissy dans un convoi discret. Sur la piste, un salut protocolaire a rassemblé personnel navigant, officiels et proches avant l’embarquement du vol régulier pour Maya-Maya.
À Brazzaville, une veillée aura lieu dans la maison familiale du quartier Plateau. Une messe à la cathédrale Sacré-Cœur précédera l’inhumation au cimetière central, annoncée en présence d’officiels.
Des dispositions ont été prises pour diffuser la cérémonie sur Télé Congo, permettant aux Congolais éloignés de suivre l’hommage. Plusieurs associations de femmes ont indiqué vouloir se rassembler simultanément à Pointe-Noire et Ouesso.
Un parcours partagé avec Henri Djombo
Natalia Jeltoborodova avait rencontré Henri Djombo lors d’une coopération universitaire à Moscou dans les années 1970. Diplômée en linguistique, elle avait ensuite travaillé comme interprète avant de s’engager dans des actions caritatives liées à la santé maternelle.
À Enyellé, fief politique de son mari, elle soutenait un projet de bibliothèque mobile et finançait régulièrement des bourses de filles scolarisées. « Elle considérait l’éducation comme la porte de sortie des vulnérabilités », souligne l’enseignante Lucie Okoko.
Son sens de la discrétion la tenait éloignée des caméras, mais elle accompagnait souvent Henri Djombo lors des inaugurations agricoles ou des conférences sur la biodiversité, échangeant avec les villageoises en lingala et en français.
Messages de soutien et perspectives
Dans la soirée, le compte officiel du ministère de l’Économie forestière, portefeuille autrefois dirigé par Henri Djombo, a diffusé un message saluant « une compagne exemplaire ». Les réseaux sociaux congolais ont relayé des milliers de témoignages d’affection.
Des opérateurs économiques ont, de leur côté, annoncé une contribution à la fondation caritative qu’elle laissait derrière elle. Une collecte servira à prolonger ses programmes de lutte contre la mortalité infantile dans la Likouala.
Pour les proches, poursuivre ces actions constituera la meilleure façon d’honorer sa mémoire. « Natalia aurait voulu que la peine se transforme en service rendu aux autres », résume le père Fabien Oba, qui accompagne spirituellement la famille.
Une absence ressentie jusqu’aux provinces
À Djambala, Owando ou Dolisie, les unions féminines disent préparer des offices funèbres simultanés. Cet élan illustre combien la vie de Natalia Djombo dépassait le cercle politique, touchant des villages entiers par ses initiatives discrètes.
Pour beaucoup, le nom de Natalia Djombo demeure lié à la douceur et à la patience. Son départ laisse un vide, mais aussi une impulsion pour multiplier les projets à visage humain, saluée par les autorités locales.
Ce qu’il faut retenir
Le dernier hommage parisien à Natalia Djombo a rassemblé famille, diplomates et anonymes le 31 octobre aux Joncherolles. La dépouille a pris la route de Brazzaville, où une cérémonie nationale se profile.
Les témoignages convergent sur son sens du devoir, son engagement social et son soutien discret à des causes éducatives. À travers ces valeurs, son souvenir continuera d’inspirer bien au-delà du deuil.
