Coup d’envoi attendu par tout un pays
Après douze mois de tribunes silencieuses, la Fédération congolaise de football tire la sonnette d’alarme. Réunis à Brazzaville, dirigeants, entraîneurs et joueurs défendent la même cause : rouvrir les stades et sauver une saison 2025-2026 menacée d’annulation.
Le président de la FECOFOOT, Jean-Guy Blaise Mayolas, rappelle qu’une deuxième saison blanche compromettrait non seulement les ambitions sportives, mais aussi l’image du pays auprès des instances internationales. Le dirigeant considère la reprise comme « un impératif national » capable de fédérer les énergies.
La crainte d’une nouvelle saison blanche
Depuis l’arrêt des compétitions en 2024, clubs de Ligue 1 et Ligue 2 jonglent avec des effectifs inactifs, des contrats à honorer et des supporters impatients. Une nouvelle interruption prolongée aboutirait à la non-participation des formations congolaises aux tournois africains 2026-2027.
Pour de nombreux entraîneurs, le risque dépasse le classement: sans rythme, les talents locaux perdent de la valeur et attirent moins les recruteurs étrangers. « Nous formons, mais nos joueurs stagnent », confie un technicien de Pointe-Noire, inquiet pour ses jeunes espoirs.
Des stades fermés, un verrou à faire sauter
La fermeture prolongée des enceintes sportives, décidée pour des raisons de mise aux normes et de sécurité, reste la principale pierre d’achoppement. Les clubs saluent le souci de protection du public, mais plaident pour une réouverture graduelle, accompagnée de contrôles renforcés.
Le ministère des Sports, dirigé par Hugues Ngouélondélé, rappelle régulièrement que « la modernisation des stades est un chantier national ». Le département assure travailler avec des experts pour garantir confort et sûreté, tout en échangeant avec la FECOFOOT sur le calendrier.
Dialogue nécessaire entre tutelle et fédération
Malgré quelques échanges épistolaires tendus, les deux parties affichent leur volonté de trouver un terrain d’entente. Un rendez-vous est prévu dans les prochains jours pour dresser l’état d’avancement des travaux, identifier les priorités et convenir d’un protocole sanitaire afin d’accueillir le public.
« Nous partageons tous la même passion pour le ballon rond », souligne un conseiller ministériel. Selon lui, la discussion portera également sur la répartition des responsabilités financières, l’entretien des pelouses et la formation des agents de sécurité pour répondre aux attentes de la CAF.
Ignié, laboratoire d’une reprise rapide
Face aux délais, la FECOFOOT élabore un plan alternatif centré sur le Centre technique national d’Ignié, situé à quarante-cinq kilomètres de la capitale. Deux terrains homologués, un hébergement sur place et une desserte routière correcte font du site un candidat sérieux.
Jean-Guy Blaise Mayolas précise que la Fédération a sollicité un appui financier de la FIFA destiné à couvrir la logistique et la diffusion télévisée des rencontres. Des sponsors locaux, notamment dans la téléphonie et les boissons, ont déjà manifesté leur intérêt, conditionné au coup d’envoi officiel.
Dans ce schéma, les clubs seraient regroupés sur deux mois intenses, avec rencontres serrées tous les trois jours. Le huis clos pourrait être levé par paliers, en fonction des ajustements sécuritaires. Le modèle rappelle la bulle sanitaire adoptée lors de certaines compétitions internationales récentes.
Le poids économique des journées de championnat
Derrière l’enjeu sportif, la reprise conditionne l’activité de centaines de petites entreprises : vendeurs ambulants, taxis, hôtels et médias. Une étude interne de la Ligue nationale chiffre à plus d’un milliard de francs CFA le manque à gagner cumulé depuis l’arrêt de 2024.
Les présidents de clubs, souvent soutenus par des partenaires privés, expliquent que la billetterie couvre jusqu’à 40 % de leur budget annuel. Sans recettes, ils doivent puiser dans leurs fonds propres pour payer salaires et déplacements, une situation difficilement tenable sur le long terme.
Supporters : entre patience et mobilisation
Sur les réseaux sociaux, les groupes de supporters multiplient messages d’encouragement et débats sur le format idéal. Certains proposent des tribunes partiellement ouvertes avec contrôle numérique des billets. D’autres préconisent la retransmission gratuite des matches pour maintenir le lien avec les communautés de quartiers.
« Le football reste un facteur d’unité », rappelle un sociologue de l’Université Marien-Ngouabi. Il estime qu’une reprise réussie offrirait un horizon positif à la jeunesse et renforcerait la cohésion nationale, surtout à l’approche des grandes échéances sportives régionales prévues en 2026.
Vers une feuille de route partagée
Fédération, clubs et ministère réfléchissent à la signature d’une charte fixant responsabilités techniques, vérifications médicales et calendrier. Plusieurs observateurs suggèrent la création d’un comité de suivi associant la société civile : un moyen, selon eux, d’assurer transparence et confiance tout au long de la relance.
Si le feu vert venait à être donné dans les semaines à venir, la préparation physique reprendrait immédiatement, avec l’appui d’un staff médical formé aux exigences post-arrêt. Les clubs espèrent annoncer les premières affiches avant la fin de l’année civile.
D’ici là, chacun peaufine sa stratégie. Entre confiance et prudence, le football congolais mesure qu’il détient une occasion de prouver sa résilience et de rappeler que, malgré les défis, la passion du jeu demeure intacte.
Les prochaines heures seront décisives. Un accord rapide placerait le Congo sur la ligne de départ d’une saison compacte, mais chargée d’espoir pour joueurs, investisseurs et supporters.
