Une écoute active dès la prise de fonction
Quelques semaines après son installation officielle à Madingou par le ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation Raymond Zéphyrin Mboulou, le nouveau préfet de la Bouenza, Marcel Nganongo, a pris la route pour une première tournée de terrain dans ses districts.
Objectif affiché : recueillir directement les besoins des populations et présenter la méthode de travail qu’il entend appliquer, fondée sur la concertation permanente entre services déconcentrés de l’État, élus locaux et acteurs économiques.
Ntsiaki fête l’arrivée de son préfet
Le 22 octobre, Ntsiaki a accueilli la délégation préfectorale au rythme des tam-tams, des maracas et des chants, transformant la place de la sous-préfecture en vaste piste de danse où la fierté culturelle a côtoyé l’espoir d’un dialogue renouvelé avec l’administration.
« Nous sommes venus entendre et non imposer », a souligné Marcel Nganongo, saluant la mobilisation. Des chefs traditionnels aux jeunes associations, tous ont pu exposer leurs attentes au préfet, qu’il s’agisse d’accès à l’eau potable ou d’équipements pour la sécurité.
Manque d’eau, d’électricité et de professeurs
Dans la salle comble de la sous-préfecture, les discussions ont rapidement ciblé trois urgences : l’extension du réseau électrique, la réparation des forages existants et le renforcement du personnel enseignant dans les villages périphériques, où certaines classes fonctionnent désormais en double vacation.
Le préfet a indiqué que les données collectées serviront à prioriser les prochains investissements du Conseil départemental, rappelant que le budget 2026 prévoit une enveloppe pour l’eau rurale et l’électrification, tout en encourageant « la participation communautaire pour veiller à la pérennité des installations ».
Une scierie locale comme moteur d’emplois
La délégation s’est rendue dans la zone industrielle où opère CFF-Bois International, société forestière dont la reprise d’activité a recruté plusieurs dizaines de jeunes du district. La direction a présenté ses programmes de formation continue et son projet d’installation d’un chantier d’usinage.
« Nous remercions l’administration pour son accompagnement », a déclaré un cadre de l’entreprise, estimant que la présence du préfet « montre que l’État soutient l’initiative privée créatrice de valeur ajoutée locale ». La visite s’est conclue par la remise symbolique d’EPI aux ouvriers.
Boko-Songho, second acte de la tournée
Deux jours plus tard, la caravane administrative s’est arrêtée à Boko-Songho, district frontalier au relief vallonné. L’accueil orchestré par la sous-préfète Albane Nzaba-Kongo a réuni notables, élèves en uniforme et associations féminines, tous alignés le long de la route départementale.
Sous l’esplanade de la mairie, un cahier de doléances a été remis à Marcel Nganongo. Le besoin d’enseignants y figure en première ligne : seulement onze fonctionnaires encadrent plus de soixante bénévoles dans les écoles publiques, d’où des effectifs surnuméraires par classe.
Cap sur une école rénovée et inclusive
La délégation a visité l’école primaire Mboukou-Songho, récemment réhabilitée dans le cadre du Programme de développement local. Les nouveaux toits en tôle et les pupitres fabriqués sur place ont été applaudis par les parents d’élèves, soulagés de voir les enfants apprendre dans de meilleures conditions.
« Notre priorité demeure la qualité de l’enseignement », a rappelé la sous-préfète, qui souhaite l’affectation de trois inspecteurs pédagogiques pour appuyer les enseignants bénévoles. Le préfet a promis de relayer la demande auprès du ministère et de suivre l’évolution du dossier.
Eau potable et santé intégrée
Guidé par les agents techniques, le préfet s’est arrêté devant un nouveau forage équipé d’une pompe manuelle, déjà opérationnel pour 300 ménages. Les femmes du quartier ont témoigné avoir divisé par deux le temps consacré à la corvée d’eau, libérant de l’énergie pour des activités génératrices.
Au Centre de Santé Intégré, les partenaires sanitaires ont présenté les résultats de la stratégie mère-enfant. La fréquentation mensuelle est passée de 200 à 340 consultations grâce à l’arrivée d’une sage-femme repositionnée et au don de médicaments essentiels par le Conseil départemental.
La base-vie de Géolan, exemple de synergie
Dernière étape : le village Minga où la société Géolan implante sa base-vie pour ses opérations d’exploration. Le site, qui emploie déjà 80 travailleurs locaux, s’engage à construire un dispensaire et un terrain de sport accessibles à la communauté.
« La collaboration avec la préfecture nous permet de sécuriser les approvisionnements et de recruter localement », a expliqué le responsable logistique, assurant que l’entreprise participera au curage des pistes rurales durant la saison des pluies pour faciliter la circulation.
Dialogue, patience et coresponsabilité
Au terme de la tournée, Marcel Nganongo a remercié les élus, les chefs coutumiers et les entrepreneurs pour « l’esprit de coresponsabilité » manifesté tout au long des étapes. Il a insisté sur la nécessité de planifier, chiffrer et suivre chaque action afin d’éviter la dispersion.
« Je ne dispose pas d’une baguette magique, mais d’une équipe et d’une feuille de route », a-t-il conclu devant la presse locale. Les habitants, eux, saluent une démarche de proximité qui devrait, selon eux, renforcer l’efficacité des programmes départementaux dans la durée.
