Un tirage attendu au tournant
La scène était plantée, au Cap, lorsque la Confédération africaine de football a sorti, un à un, les petits cartons qui définissent un destin continental. Au cœur de la salle, les dirigeants de l’AS Otohô ont retenu leur souffle avant de découvrir l’étiquette Groupe C.
Le hasard les envoie d’abord à Stellenbosch, en terre sud-africaine, dès le 23 novembre. Ensuite, retour à Owando pour recevoir le CR Belouizdad le 30. Enfin, direction la Tanzanie le 25 janvier pour y défier Singuida Black Stars et boucler la phase aller avant d’entamer le chemin du retour.
Des adversaires aux identités contrastées
Stellenbosch FC, récent quatrième du championnat sud-africain, a bâti sa réputation sur un pressing haut et une culture du jeu léchée. À domicile, le club évolue dans un stade compact où l’ambiance électrique pèse régulièrement sur les visiteurs venus du nord du continent, cette saison encore redoutée.
Le CR Belouizdad représente la tradition algérienne d’un football alliant rigueur tactique et passion populaire. Double champion national en titre, l’équipe d’Alger possède une base arrière solide et un serial buteur, l’attaquant togolais Dové Womé, capable de faire basculer un match sur un éclair et d’une profondeur de banc.
Dernier adversaire, Singuida Black Stars, promu tanzanien, joue sans complexe un football vertical, porté par l’enthousiasme de ses jeunes. Le climat chaud de Tabora et la pelouse artificielle du Shea Stadium constituent deux pièges supplémentaires pour les Congolais lors de la manche aller très attendue par tous, parfois balayée par des rafales.
Un calendrier serré et exigeant
Entre novembre et février, l’AS Otohô parcourra plus de 20 000 kilomètres. Les déplacements aériens longs courtes escales exigent une organisation millimétrée. « La gestion du sommeil et de l’alimentation deviendra un match dans le match », anticipe le préparateur physique Sosthène Ngakala de l’équipe d’encadrement sportive lors des escales.
Les matchs à domicile se disputeront au stade Alphonse-Massamba-Débat, jugé plus accessible que l’enceinte d’Oyo pour accueillir les grosses affluences. La fédération a validé le choix après inspection, saluant la « qualité nouvelle » de la pelouse hybride installée en septembre, investissement de la mairie de Brazzaville.
L’expérience continentale d’AS Otohô
Depuis 2018, le club du district d’Oyo multiplie les campagnes africaines. Il a signé une demi-finale zonale en Coupe de la CAF en 2022, preuve d’une progression continue. Cette expérience nourrit aujourd’hui la confiance du staff, emmené par l’entraîneur ivoirien Valentin Zinga.
Le technicien insiste sur l’équilibre entre anciens et jeunes pépites issues de l’académie locale. « Nous voulons conquérir sans renier notre identité de jeu fait de transitions rapides et de solidarité », explique-t-il, soulignant l’importance des relais de terrain comme le capitaine Brahim Mpaki, très courtisé récemment.
Objectif quart de finale
Au sein du vestiaire, l’expression la plus répétée reste « quart de finale ». Seul palier jamais franchi, il symbolise une ambition collective réaliste. Les dirigeants ont d’ailleurs renforcé le groupe avec l’ailier burkinabè Abdoul Bance, réputé pour ses centres tendus et son volume défensif impressionnant.
Pour maximiser ses chances, le club a prévu un stage d’acclimatation à Johannesburg une semaine avant l’ouverture. La direction explique que cette mise au vert, financée en partie par des partenaires privés congolais, doit aider les joueurs à absorber l’altitude et le changement de température.
Les enjeux financiers et d’image
Une qualification au tour suivant rapporterait 350 000 dollars de primes CAF, sans compter l’effet vitrine pour les sponsors. « Cet argent pourrait être réinvesti dans nos infrastructures de formation », confie le président Jean-François Ondelé, qui évoque notamment la construction d’un dortoir pour les cadets dès 2026 prochains.
Le ministère des Sports suit le dossier de près, considérant la campagne comme un outil de rayonnement national. Dans une allocution, la ministre Hélène Ngouabi a rappelé que « le football reste un formidable vecteur de cohésion et de diplomatie », promettant un accompagnement logistique à chaque étape.
Mobilisation des supporters congolais
Depuis l’annonce du tirage, les groupes de supporters planifient déjà les animations. Les Ultras d’Oyo confectionnent des tifos tricolores, tandis qu’à Brazzaville l’association Les Diables Rouges d’Otohô négocie avec les compagnies de bus pour organiser des convois vers le stade lors des soirées de février.
Sur les réseaux sociaux, le mot-dièse #TousDerrièreOtohô monte en tendance, relayé par plusieurs anciens internationaux congolais. L’ex-capitaine Césaire Moukoko y voit « un moment charnière pour notre football, capable d’inspirer les académies provinciales et de montrer que l’excellence naît aussi loin de la capitale » aujourd’hui encore.
Voix du vestiaire
Le gardien Barel Ondongo, héros de la précédente édition avec trois penalties arrêtés, garde la tête froide : « Le groupe est compliqué, mais notre foi l’est plus encore. Nous jouerons chaque match comme une finale et nous ferons honneur au drapeau », assure-t-il devant la presse locale mercredi.
Analyse d’expert
Pour l’analyste sportif Blaise Ikama, l’équation repose sur la gestion des détails. « Si Otohô prend quatre points lors des deux premières journées, le pourcentage de qualification grimpe à 70 % », évalue-t-il. Selon lui, la clé sera d’éviter les cartons inutiles lors des fins de match très intenses.
