Une concertation locale symbole d’écoute citoyenne
Dans le district d’Enyéllé, au nord-ouest du pays, la salle polyvalente a vibré deux jours durant au rythme de la concertation « Enyéllé-2025 ». Sous la houlette du sénateur Paul Soni-Benga, filles et fils du terroir ont exploré l’avenir de leur communauté.
L’élu de la circonscription, en visite parlementaire, s’est présenté comme « interface entre les élus et la population », rappelant que la Chambre haute a aussi vocation à prévenir les tensions locales et à promouvoir le mieux-vivre ensemble, particulièrement dans les zones rurales parfois éloignées des centres décisionnels.
Cette concertation citoyenne, première du genre dans le district depuis trois ans, illustre le désir grandissant de participation populaire aux politiques publiques, conformément aux orientations nationales de dialogue et de décentralisation impulsées par les autorités.
L’éducation priorité des débats
Au cœur des échanges, l’école est revenue comme priorité absolue. Les participants ont dressé la liste des freins : classes nombreuses, taux d’abandon inquiétant au collège, manque de manuels, insuffisance d’encadrement pour les langues nationales et, surtout, faible implication parentale dans le suivi quotidien.
« À treize ans, trop d’enfants quittent les bancs pour la pêche ou le commerce », a regretté une institutrice venue de la rive du Kouyou. À ses côtés, un lycéen a plaidé pour une connexion internet stable afin de « ne pas rater le train du numérique ».
Un cahier des charges précis, assorti d’indicateurs, a été élaboré. Il propose la réhabilitation progressive des salles de classe, la dotation en table-bancs produits localement et la création de clubs de médiation scolaire pour prévenir les violences juvéniles souvent signalées dans les internats.
Restaurer l’autorité traditionnelle
Au-delà de l’école, les délégués ont longuement évoqué la nécessité de « revaloriser les chefferies » pour renforcer la cohésion. Plusieurs intervenants ont souligné que la disparition progressive des rites d’intronisation privait la jeunesse de repères culturels et favorisait la montée des incompréhensions inter-quartiers.
Un huis clos a alors réuni sages et notables des quatorze villages. Après examen des propositions issues de la plénière, ils ont adopté des résolutions communes : redynamisation des tribunaux coutumiers, calendrier des fêtes identitaires et création d’un fonds de solidarité alimenté par la diaspora.
Pour le sociologue local Germain Ayiké, présent en observateur, « associer la tradition au développement moderne n’est pas un retour en arrière mais une passerelle vers l’avenir », avant d’ajouter que l’initiative d’Enyéllé pourrait inspirer d’autres districts ayant les mêmes aspirations.
Paul Soni-Benga relais institutionnel
Natif d’Enyéllé, l’honorable Soni-Benga revendique trente ans d’engagement public. Son élection au Sénat a confirmé, selon ses partisans, « sa proximité avec la base ». Il veille à multiplier les tournées, fidèle à la recommandation présidentielle de rester à l’écoute des réalités des territoires.
Devant la presse locale, il a salué « une mobilisation exemplaire sans coloration partisane ». Pour lui, la concertation doit devenir un rendez-vous biennal, adossé à un comité de suivi, afin que « chaque promesse soit mesurée, corrigée et relancée si besoin ».
Il a également rappelé que la feuille de route dressée correspond aux ambitions du Plan national de développement 2022-2026, qui mise sur la diversification de l’économie rurale, l’amélioration du capital humain et la consolidation de la paix, trois axes jugés complémentaires par les acteurs d’Enyéllé.
Des actions concrètes pour accélérer le terrain
Concrètement, à la fin des travaux, le sénateur a remis aux directeurs d’école des cartons de cahiers, de stylos et de boîtes de craies, financés grâce à la dotation parlementaire. Un geste symbolique que les enseignants ont applaudi, rappelant que les consommables se raréfient dès le deuxième trimestre.
La délégation s’est ensuite rendue sur le chantier du Centre d’éducation, de formation et d’apprentissage (CEFA). Les maçons posaient déjà les câbles pour une salle multimédia de quarante places, annoncée comme « ouvertement connectée aux universités nationales » par le chef de projet.
Sur la route départementale, des panneaux de limitation de vitesse flambant neufs ont été installés. Leur objectif est double : sécuriser les élèves qui parcourent plusieurs kilomètres à pied et prolonger la durée de vie d’un axe stratégique pour l’acheminement du manioc vers le marché d’Oyo.
Enyéllé referme ainsi une parenthèse studieuse, mais ses habitants promettent de maintenir la dynamique. Prochaine étape : faire valider le cahier des charges par les services déconcentrés, puis mobiliser partenaires et bailleurs afin que les résolutions quittent la salle pour irriguer le quotidien.
Les autorités administratives, représentées par le sous-préfet Étienne Obara, ont rappelé que le gouvernement encourage ce type d’initiative locale. « Nous mettrons nos techniciens à disposition pour accélérer les études de faisabilité », a-t-il assuré, invitant les jeunes à s’impliquer dans le suivi des chantiers.
Dans les allées, plusieurs membres de la diaspora ont promis de relayer les conclusions jusqu’à Pointe-Noire ou Brazzaville. Ils envisagent d’organiser des collectes de livres, de fonds et de matériel informatique, conscients que le développement d’Enyéllé rejaillira sur l’ensemble du département de la Likouala positivement.
