Une session fondatrice à Brazzaville
Le Conseil économique, social et environnemental a ouvert, le 31 octobre, sa première session ordinaire dans l’hémicycle de Mpila, à Brazzaville.
Installés depuis peu, les quatre-vingt-dix conseillers, issus de toutes les composantes socioprofessionnelles, planchent désormais sur la feuille de route qui doit guider l’institution durant la période 2025-2029.
Sous la conduite d’Emilienne Raoul, la séance inaugurale a posé les jalons d’une approche jugée plus pragmatique et plus proche des attentes nationales.
Quatre axes pour un CESE plus performant
Le projet stratégique présenté par le secrétariat général s’articule autour de quatre orientations majeures destinées à moderniser le fonctionnement interne et l’impact externe du CESE.
Première priorité, l’amélioration de la performance passe par une réorganisation des commissions, la mise en place d’indicateurs mesurables et le recours accru aux outils numériques.
Deuxième axe, le partenariat renforcé avec la société civile prévoit des audiences régulières, des plateformes interactives et un calendrier de consultations territorialisées, notamment dans les quartiers périphériques de Brazzaville et de Pointe-Noire.
Troisième et quatrième volets concernent, respectivement, la formalisation d’un cadre de coopération avec les institutions de saisine et la conduite du changement au sein du conseil.
Flexibilité et amélioration continue
Le secrétaire général, Wilfrid Magloire Obili, a insisté sur la nécessité de doter la stratégie d’un mécanisme d’ajustement semestriel pour tenir compte des évolutions économiques et climatiques.
Selon lui, une planification figée risquerait de devenir obsolète avant même la fin du mandat, alors qu’un modèle agile facilite l’innovation et la transparence.
« La flexibilité n’est pas un renoncement, c’est l’assurance de rester pertinent », a-t-il résumé devant les conseillers, visiblement convaincus par cet argument.
Une ouverture assumée vers les citoyens
Le CESE veut dépasser son image d’instance réservée aux experts pour devenir un relais direct des préoccupations quotidiennes, des prix sur les marchés aux problématiques de transport urbain.
Des forums mobiles seront expérimentés dans chaque département, permettant à des associations de jeunesse, de femmes ou de commerçants de formuler des avis qui seront annexés aux rapports officiels.
« Être plus proche des citoyens renforce la légitimité de nos recommandations », souligne Ugain Mikala Kaya, persuadé que cette culture participative consolidera la confiance dans les institutions.
Des enjeux à la hauteur de la décennie
Durant les quatre prochaines années, le conseil devra produire au moins deux avis majeurs par session sur l’économie verte, l’industrialisation locale et l’inclusion sociale, domaines jugés prioritaires par le gouvernement.
Une attention particulière sera également portée aux formations continues des conseillers pour renforcer leur expertise en analyse de données, en évaluation d’impact et en communication digitale.
Les partenariats internationaux, déjà établis avec le Conseil économique et social de France et l’Union africaine, devraient faciliter les échanges de bonnes pratiques et l’accès à des financements dédiés.
Un rôle consultatif renforcé
Instance consultative auprès du gouvernement, de l’Assemblée nationale et du Sénat, le CESE ambitionne de remettre ses avis dans des délais resserrés afin de coller au rythme législatif.
Par ce biais, la présidente Emilienne Raoul espère que le conseil deviendra un « accélérateur de solutions » pour les ministères sectoriels en quête d’analyses solides.
La session d’octobre aura donc marqué le coup d’envoi d’un mandat qui, selon les observateurs, illustre la volonté nationale de bâtir une gouvernance plus inclusive et plus efficace.
Des indicateurs pour mesurer le progrès
Pour éviter le « tout discours », le document retient vingt indicateurs, du taux d’intégration des recommandations dans les lois votées au nombre de partenariats conclus avec les organisations de base.
Chaque trimestre, une note publique présentera l’état d’avancement de ces indicateurs afin de permettre aux citoyens et aux médias de suivre, en temps réel, la valeur ajoutée du conseil.
Le choix de la transparence, salué par plusieurs ONG de gouvernance, devrait stimuler un cercle vertueux d’émulation interne et de comparaison avec les meilleures pratiques régionales.
Calendrier et prochaines étapes
Une session budgétaire est programmée en décembre pour aligner les dotations financières avec les ambitions affichées, notamment l’équipement numérique des salles de commission et la création d’un portail open-data.
Au premier semestre 2025, les conseillers se déplaceront à Dolisie, Owando et Oyo pour des consultations sur l’agriculture, l’artisanat et le tourisme durable.
En parallèle, un comité ad hoc rédigera un guide méthodologique destiné aux administrations centrales afin d’harmoniser la prise en compte des avis du CESE dans l’élaboration des politiques publiques.
Réactions des partenaires sociaux
Du côté des syndicats, la Confédération générale des travailleurs du Congo salue « un signal encourageant », tout en réclamant une consultation spécifique sur la protection sociale des salariés du secteur informel.
Les représentants des entreprises, réunis au sein du patronat congolais, voient dans le nouveau plan une opportunité d’aligner la fiscalité et les incitations à l’investissement sur les réalités du terrain.
Pour la Plateforme des organisations de la société civile, l’enjeu reste la mise en œuvre : « Nous serons attentifs aux délais et à la qualité de la restitution publique », prévient sa porte-parole, Pauline Ngouabi.
