Financement historique de la Banque mondiale
La Banque mondiale vient d’approuver un financement de 60 millions de dollars pour le Projet de renforcement de la résilience urbaine, connu sous le sigle PRRU. L’annonce, saluée par les autorités congolaises, marque une avancée concrète pour la lutte contre les effets du changement climatique dans les grandes villes.
D’un bout à l’autre du projet, la Banque mondiale souligne la complémentarité entre investissements physiques et renforcement institutionnel. Selon l’équipe du PRRU, les décaissements seront échelonnés jusqu’en 2029 afin de garantir l’achèvement des ouvrages de drainage et la formation des services municipaux concernés.
Brazzaville et Pointe-Noire, cœurs urbains vulnérables
Avec plus de 70 % de la population vivant en zone urbaine, le Congo-Brazzaville figure parmi les pays les plus urbanisés du continent. Brazzaville et Pointe-Noire à elles seules accueillent plus de la moitié des habitants, concentrant logiquement les enjeux climatiques et sociaux.
Les quartiers périphériques, souvent construits sur des pentes instables ou à proximité des cours d’eau, paient déjà un lourd tribut. À chaque saison des pluies, glissements de terrain, coulées de boue et inondations endommagent maisons, routes et réseaux d’eau potable, ralentissant l’activité économique locale.
Limiter l’érosion et les crues, priorité numéro un
La première composante du PRRU prévoit des drains, des bassins de rétention et des murs de soutènement destinés à protéger environ 575 000 résidents. Brazzaville bénéficiera de 350 000 habitants protégés tandis que 225 000 autres vivront plus sereinement à Pointe-Noire, selon la note d’approbation.
Des études topographiques détaillées guideront le tracé des ouvrages afin de réduire au minimum la coupe d’arbres et l’emprise sur les habitations. Les ingénieurs insistent sur le choix de matériaux locaux et sur l’entretien régulier, considéré comme la clé de la durabilité.
Une manne pour l’emploi local
Le chantier devrait générer plus de 450 000 jours-personnes d’emplois temporaires. Le ministère de l’Emploi explique que ces postes concerneront prioritairement les jeunes des quartiers touchés, avec des formations courtes en maçonnerie, terrassement et gestion de chantiers verts.
« Nous voulons que les communautés sentent immédiatement les retombées du projet », souligne Arlette Soudan-Nonault, ministre en charge de l’Environnement. Elle précise que des clauses sociales obligeront les entreprises adjudicataires à réserver 30 % des contrats de sous-traitance aux micro-entrepreneurs locaux.
Une approche intégrée pour la ville de demain
Au-delà des infrastructures, le PRRU finance des espaces verts, des aires de jeu et l’éclairage public solaire. Les urbanistes estiment que ces aménagements augmenteront la valeur foncière, encourageront l’activité commerciale et amélioreront la sécurité nocturne, renforçant la cohésion sociale dans les zones d’intervention.
Un comité de pilotage, coprésidé par le ministère de l’Aménagement du territoire et les mairies, sélectionnera les sites à réhabiliter en se basant sur des enquêtes participatives. Cette gouvernance partagée répond aux standards de la Banque mondiale en matière de redevabilité et d’inclusion.
Renforcer les capacités des collectivités
La deuxième composante du projet cible la modernisation des outils de planification urbaine. Des logiciels de cartographie, des formations en gestion des données spatiales et des audits des réseaux d’assainissement seront mis à disposition des directions techniques municipales.
« Disposer de plans actualisés nous permettra d’anticiper plutôt que de subir », note Dieudonné Bantsimba, maire de Brazzaville. Il salue également la mise en place d’un fonds d’entretien financé conjointement par l’État et les collectivités pour pérenniser les ouvrages après la période de garantie.
Des habitants confiants dans le changement
À Makélékélé, quartier sud de la capitale, Pauline, vendeuse de légumes, se réjouit déjà. Elle confie que les flaques géantes engendrées par les pluies limitaient l’accès de ses clients. « Si on peut marcher au sec, mon chiffre d’affaires suivra », dit-elle en souriant.
Du côté de Pointe-Noire, les pêcheurs du village de Loango espèrent que la stabilisation des berges réduira la turbidité de l’eau qui envasait leurs filets. Les associations locales participent déjà aux réunions d’information pour identifier les secteurs les plus exposés.
Un alignement sur le Plan national de développement
Le PRRU s’inscrit dans l’axe 3 du Plan national de développement 2022-2026, consacré aux infrastructures résilientes. Le gouvernement souhaite ainsi offrir un cadre urbain attractif pour les investisseurs et améliorer la qualité de vie dans les quartiers populaires.
Le ministre de l’Économie, Jean-Baptiste Ondaye, rappelle que chaque dollar investi dans la prévention permet d’économiser jusqu’à quatre dollars de reconstruction. « Grâce à ce partenariat, nous renforçons notre crédibilité financière et notre engagement environnemental », affirme-t-il.
Des indicateurs de suivi précis
Des tableaux de bord trimestriels publieront le nombre de mètres linéaires de drains construits, la surface végétalisée et la proportion d’emplois occupés par des femmes. La Banque mondiale et les collectivités examineront ces données pour ajuster le calendrier ou les budgets si nécessaire.
Un calendrier déjà sur les rails
Les premières excavations sont attendues avant la fin de l’année. Si le calendrier est respecté, les principaux ouvrages de protection pourraient être opérationnels d’ici trois ans, ouvrant la voie à une nouvelle dynamique urbaine plus verte et plus sûre pour des milliers de familles.
Vers un modèle réplicable
À long terme, le gouvernement projette d’étendre la démarche à d’autres centres urbains comme Dolisie ou Owando, en s’appuyant sur les enseignements tirés. L’ambition est de bâtir un réseau de villes résilientes capables d’absorber la croissance démographique sans sacrifier l’environnement.
