Une visite de terrain très attendue
Peu après 9 heures, ce 7 novembre, le ministre de la Santé et de la Population, Pr Jean Rosaire Ibara, franchit les grilles de l’hôpital de référence du district sanitaire de Talangai, dans le sixième arrondissement de Brazzaville, pour une visite inopinée, souhaitée depuis plusieurs semaines par le personnel.
Accompagné de ses principaux collaborateurs, le membre du gouvernement a débuté par le service des urgences avant de descendre en maternité puis en pédiatrie, notant au passage la disponibilité des équipements, le temps d’attente des malades et le degré d’application des directives déjà transmises.
Des dérives dénoncées par la population
Dès la réunion qui a suivi, le Pr Ibara a dressé un constat sans ambiguïté : les plaintes de la population sur la qualité du service public trouvent un écho dans des pratiques qu’il qualifie de « déviantes », du détournement de médicaments à la surfacturation d’actes pourtant subventionnés.
« L’hôpital dispose des intrants essentiels, cependant certains agents prétendent le contraire pour vendre leurs propres stocks », a-t-il rappelé, soulignant que les kits de césarienne, fournis gratuitement par l’État, se retrouvent parfois facturés à des familles déjà vulnérables, amplifiant le sentiment d’injustice.
Rappels fermes au serment d’Hippocrate
Adoptant un ton pédagogique, le ministre a tenu à rappeler la noblesse de la fonction soignante : « Nous avons choisi une profession orientée vers le bien d’autrui. Cette responsabilité exige discipline, probité et exemplarité ». Le message sert d’avertissement tout en revalorisant l’engagement initial des blouses blanches.
Il a également fustigé les hospitalisations prolongées sans justification clinique et les orientations systématiques vers des laboratoires privés : « Si vous voulez faire fortune, démissionnez et ouvrez votre clinique. Ici, les recettes appartiennent à l’État », a-t-il insisté, provoquant quelques hochements approbateurs.
Optimiser les ressources humaines
Au-delà des écarts individuels, la question de l’effectif a retenu l’attention du visiteur. L’hôpital de Talangai compte 1 116 agents permanents, un chiffre jugé disproportionné au regard de l’activité. Le Pr Ibara a demandé au directeur général, Firmin Eyikili, d’engager sans délai un audit interne.
Objectif affiché : répartir les ressources humaines selon les besoins réels, clarifier les rôles et réduire les doublons qui pèsent sur la masse salariale. Cette rationalisation doit, selon le ministre, s’accompagner d’un plan de formation continue afin de hisser l’établissement au niveau des standards nationaux.
Le plateau technique passé au crible
Au cours de la tournée, les équipes techniques ont présenté les nouveaux respirateurs, les stocks de solutés et la chaîne du froid destinée aux vaccins. Le ministre a salué ces avancées tout en relevant l’importance de la maintenance préventive pour éviter les pannes qui obligent parfois à transférer les patients.
Il a promis une dotation supplémentaire en pièces de rechange et la réactivation du comité de gestion des équipements biomédicaux. « Un appareil à l’arrêt, c’est un temps précieux perdu pour le malade », a-t-il résumé, insistant sur la responsabilité partagée entre le ministère et l’hôpital.
Usagers et partenaires encouragés
Dans le hall principal, plusieurs représentants d’associations de patients ont pu échanger brièvement avec le ministre. Madame Clarisse Mavoungou, présidente du collectif « Voix des malades », a salué « une démarche transparente qui redonne espoir », tout en plaidant pour la mise en place d’un numéro d’alerte.
De leur côté, les partenaires techniques tels que l’OMS et l’UNFPA ont réitéré leur disponibilité à soutenir le renforcement du plateau technique et les formations. Le professeur Ibara a remercié ces organisations, rappelant que la coopération internationale complète, mais ne remplace pas, l’engagement financier national.
Confiance renouvelée des patients
Dans les couloirs, quelques usagers interrogés se disent rassurés. « On sent que les choses bougent. Actuellement, on trouve les médicaments en pharmacie interne », témoigne Aimée Ondongo, venue pour la vaccination de son nourrisson. Elle espère que l’élan observé ce jour ne s’essoufflera pas.
Le directeur général assure que les contrôles internes seront renforcés dès la semaine prochaine et qu’un tableau d’affichage public montrera, en temps réel, la disponibilité des produits sensibles. « Nous voulons rompre avec la culture du doute », explique Firmin Eyikili, convaincu de l’adhésion du personnel.
Santé publique pilier de développement
Avant de quitter Talangai, le Pr Ibara a rappelé que la santé publique constitue un pilier du Plan national de développement et que chaque agent doit se sentir comptable de la réputation du service public. Il a promis de revenir évaluer les progrès avant la fin du premier trimestre.
Cette démarche d’exemplarité, observée dans d’autres établissements du pays depuis plusieurs mois, s’inscrit dans la volonté de consolider le système sanitaire afin d’accompagner la croissance économique et le mieux-être des Congolais. À Talangai, l’heure est désormais à la mobilisation générale pour transformer les paroles en actes concrets.
Vers de nouvelles règles de gouvernance
Le ministre a annoncé la publication prochaine d’une circulaire détaillant les sanctions pour tout dépassement tarifaire et fixant un délai maximal de dix jours pour la transmission des résultats d’examens. Le document devrait être diffusé simultanément dans les hôpitaux publics du pays.
Parallèlement, un groupe de travail piloté par la Direction générale des établissements de soins mènera, au premier semestre, une étude sur le coût réel des prestations afin d’harmoniser la grille tarifaire et de garantir aux usagers une lisibilité accrue des frais médicaux.
