Un chantier symbolique au cœur du campus
Jusqu’ici presque abandonné, l’amphithéâtre principal de la faculté des Sciences et techniques affichait des murs défraîchis, un éclairage intermittant et des tables parfois bancales. Centrés sur les travaux pratiques, les étudiants craignaient que cet espace devenu vétuste ne limite la qualité de leur formation.
En s’engageant à le réhabiliter, la Fondation Burotop Iris a choisi un lieu chargé d’histoire. Construit dans les années 1970, l’amphithéâtre a permis à plusieurs générations de chercheurs congolais d’être formés à Brazzaville avant de s’illustrer dans l’industrie, le numérique ou l’enseignement supérieur.
Des travaux menés tambour battant
Pendant huit semaines, peintres, menuisiers et techniciens se sont relayés sur le site. La coupure des cours d’intersession a offert une fenêtre idéale. L’intérieur a d’abord été nettoyé, puis repeint aux couleurs de la faculté, beige et marron clair, pour conserver la signature visuelle d’origine.
L’équipe a ensuite remis à neuf l’installation électrique. Des lampes LED moins énergivores ont remplacé les anciens néons. Une climatisation silencieuse a été posée, doublée d’un système de ventilation qui renouvelle l’air sous la toiture métallique, indispensable pendant la saison sèche.
Les étudiants noteront surtout les nouveaux tableaux blancs magnétiques, plus larges que les précédents, la sonorisation revisitée et les 280 tables-bancs en bois massif verni. Chaque rangée dispose désormais de prises électriques, détail précieux pour les laptops souvent sollicités pendant les travaux dirigés.
Une remise officielle riche en émotions
La cérémonie s’est déroulée en milieu de matinée, devant une centaine d’étudiants. Au nom de la Fondation, Romaine Ngagoyi a remis symboliquement les clés au professeur Basile Bossoto, doyen adjoint chargé des infrastructures universitaires.
« Investir dans l’éducation est l’un des piliers du développement durable, a rappelé Romaine Ngagoyi. Cet amphithéâtre rénové traduit notre foi dans la jeunesse congolaise et notre volonté d’agir aux côtés des institutions ». Un tonnerre d’applaudissements a ponctué son propos.
Le professeur Bossoto a salué « un geste concret qui soulage la communauté enseignante et inscrit la Fondation Burotop Iris parmi les partenaires fidèles du secteur éducatif ». Un registre d’entretien et un groupe de suivi composé d’étudiants bénévoles ont été mis en place pour préserver le nouvel équipement.
La parole aux premiers bénéficiaires
Assise au troisième rang, Diane, étudiante en licence de biologie, estime que « le confort visuel et la climatisation vont nous permettre de tenir des séances plus longues sans fatigue ». Son camarade Rodrigue, inscrit en géologie, pense déjà aux ateliers de cartographie numérique prévus dès la rentrée.
Plusieurs clubs étudiants envisagent de profiter de l’espace pour organiser des rencontres scientifiques inter-facultés. « Avec le nouvel équipement audio, on pourra animer des conférences en duplex avec Pointe-Noire ou l’étranger », se réjouit Roland, président du cercle des ingénieurs en herbe.
Au-delà de l’enthousiasme, certains soulignent la responsabilité collective : « À nous d’en prendre soin », glisse Mireille, qui propose d’instaurer des séances périodiques de nettoyage participatif.
Burotop Iris, un acteur engagé de la RSE
Créée en 2016, la Fondation Burotop Iris a déjà doté plusieurs lycées de matériel informatique. Son président, Mohsen Maaraf, défend une approche globale : « La réussite scolaire dépend à la fois des contenus pédagogiques et du cadre dans lequel on les dispense ».
Le financement du chantier, estimé à 45 millions de francs CFA, provient du budget RSE de l’entreprise Burotop. Selon la direction, aucun appel de fonds extérieur n’a été nécessaire, signe d’une économie locale capable de se mobiliser pour l’intérêt général.
Le ministère de l’Enseignement supérieur y voit un partenariat exemplaire. Un conseiller technique présent à la cérémonie a rappelé que le Plan national de développement 2022-2026 encourage les synergies public-privé pour améliorer les infrastructures universitaires.
Un impact pédagogique immédiat
Dès la prochaine session, les cours d’amphithéâtre devraient accueillir plus de 300 étudiants en simultané, contre 200 auparavant. Les enseignants pourront diversifier leurs supports grâce aux prises et à la sonorisation bluetooth compatible avec les smartphones.
Les unités de travaux pratiques en physique profiteront d’un réseau électrique stabilisé, condition pour brancher microscopes électroniques ou générateurs de signaux. « Nous allons réduire les interruptions de TP, souvent causées par une surcharge électrique », anticipe le professeur d’électronique Jean-Pierre Mvoula.
En fin de semestre, la faculté prévoit une enquête de satisfaction pour mesurer la perception des apprenants et ajuster les futures actions de maintenance.
Vers un modèle reproductible
Le rectorat envisage déjà de dupliquer la méthodologie sur d’autres sites, notamment la faculté de Médecine de Makélékélé où trois salles de travaux dirigés nécessitent une remise aux normes. Une fiche technique détaillant les coûts et les étapes sera partagée aux entreprises désireuses de s’impliquer.
« Nous ne pouvons pas tout attendre du budget public », reconnaît un responsable du rectorat. « La Fondation Burotop Iris montre que la société civile et le secteur privé disposent des compétences et des moyens pour accélérer la modernisation de nos campus ».
Les anciens de l’université se mobilisent aussi : une collecte en ligne, lancée discrètement après la cérémonie, a déjà réuni plus d’un million de francs CFA pour équiper le futur laboratoire de chimie organique.
Un coup de projecteur sur l’éducation congolaise
La rénovation de l’amphithéâtre intervient alors que les inscriptions pour la nouvelle année académique battent leur plein. L’annonce fait office de signal positif pour les bacheliers hésitant entre les universités nationales et une formation à l’étranger.
À l’heure où la compétitivité des établissements se joue aussi sur la qualité de l’accueil, le geste de la Fondation Burotop Iris met en avant l’engagement de la communauté congolaise en faveur d’une éducation de proximité et de qualité.
« Chaque salle remise à neuf, c’est une raison supplémentaire de croire au potentiel local », résume le professeur Bossoto. Un message porteur d’espoir pour la jeunesse et, plus largement, pour le développement du pays.
