Une insécurité juvénile qui interroge la société
Depuis plusieurs mois, les habitants de Brazzaville et de Pointe-Noire évoquent avec inquiétude les faits attribués aux groupes connus sous le nom de « bébés noirs ». Vols à l’arraché, agressions nocturnes ou simples intimidations alimentent un climat anxiogène pour les commerçants, les riverains et les élèves qui rentrent tard.
La réponse coordonnée des autorités publiques
Pour protéger les populations, le gouvernement a renforcé les patrouilles mixtes police-gendarmerie et mis en place une cellule d’écoute dédiée aux familles. « Notre priorité est de sécuriser les quartiers et d’offrir des perspectives aux jeunes concernés », résume un officier de la Direction générale de la police nationale rencontré à Moukondo.
L’appel des loges à un engagement citoyen
Conscientes que la prévention passe aussi par l’éducation civique, plusieurs obédiences maçonniques congolaises ont décidé d’apporter leur concours. « La fraternité nous impose d’agir pour l’inclusion », confie un dignitaire de la Grande Loge du Congo, soulignant que l’école de la République reste le premier temple du savoir.
Des forums de dialogue dans les quartiers populaires
Sous le patronage des mairies d’arrondissement, des ateliers ont été organisés à Makélékélé, Tié-Tié et Vindoulou. Habitants, forces de l’ordre, leaders religieux et membres des loges y échangent sur les sources de la violence et les solutions possibles. Les séances, ouvertes, privilégient les témoignages directs et la médiation.
Une bourse d’apprentissage née d’un partenariat public-privé
Pour les jeunes en rupture scolaire, une bourse d’apprentissage financée par des entrepreneurs maçons et gérée par l’Agence nationale de l’emploi couvre les frais de formation en mécanique, soudure ou restauration. Vingt-cinq bénéficiaires ont déjà signé des contrats d’alternance dans des ateliers de la zone industrielle de Maloukou.
Sport et culture comme vecteurs de cohésion
Le ministère des Sports soutient un tournoi de football de rue baptisé « Passe décisive pour la paix ». Les vainqueurs se voient offrir des kits scolaires et un suivi psychologique. « Quand le ballon circule, les couteaux restent au vestiaire », plaisante l’entraîneur d’un club de Poto-Poto, saluant la logistique fournie par les loges.
La parole aux familles longtemps désemparées
Dans le quartier Ngoyo, Mireille Mbani, mère de trois adolescents, se dit rassurée : « Les patrouilles dissuadent les mauvaises fréquentations et les éducateurs de rue savent orienter nos enfants. » Elle souligne l’importance des permanences juridiques où des avocats bénévoles expliquent les droits et devoirs des mineurs.
Former pour prévenir la récidive
Selon l’Institut national de statistiques, six jeunes sur dix impliqués dans des incivilités reprennent une activité normale après une formation qualifiante. Les loges souhaitent amplifier cet impact en ouvrant, d’ici la fin de l’année, deux centres d’orientation professionnelle à Talangaï et Mpaka, en lien avec les ministères concernés.
Une démarche saluée par les autorités locales
Le préfet du département de Pointe-Noire voit dans ce partenariat « un exemple concret de responsabilité partagée ». Il insiste sur l’effet catalyseur du dialogue entre forces de sécurité et notables maçons, rappelant que la prévention coûte toujours moins cher que la répression.
Les défis qui subsistent
Malgré ces avancées, le manque de structures d’accueil pour les jeunes en errance demeure. Les associations plaident pour la réhabilitation d’anciens centres de formation professionnelle. Un chantier encouragé par le Haut-Commissariat à la réinsertion, qui étudie la possibilité d’un financement conjoint État-bailleurs.
Un engagement ancré dans la tradition humaniste
Pour la Grande Loge féminine du Congo, participer à la pacification urbaine s’inscrit dans l’esprit des grandes constitutions d’Anderson : « Le maçon est tenu, par sa condition, d’œuvrer au bien-être de ses concitoyens », rappelle une oratrice, évoquant les valeurs d’égalité et de solidarité.
Une jeunesse qui veut croire en son avenir
À l’issue d’un stage de couture, Grâce, 17 ans, confie son enthousiasme : « J’ai compris que je pouvais changer ma vie et aussi aider mes amis. » Son témoignage illustre une tendance : lorsque les perspectives professionnelles sont réelles, la tentation de la délinquance recule.
Perspectives à court terme
Les partenaires envisagent une plateforme numérique recensant les offres de formation et d’emploi destinées aux 15-25 ans. Développée par des ingénieurs bénévoles, elle devrait être opérationnelle avant le prochain Forum national de la jeunesse, annoncé par le ministère de l’Enseignement technique.
Le rôle stratégique des médias de proximité
Radio Mucodec et plusieurs web-télés locales diffusent désormais des magazines consacrés à la prévention. Des débats interactifs, soutenus par des loges, permettent de démystifier le phénomène des « bébés noirs » et de promouvoir des comportements responsables.
Une dynamique d’ensemble à consolider
Société civile, pouvoirs publics, entreprises et obédiences maçonniques s’accordent sur un principe : la sécurité durable passe par l’insertion sociale. Le succès des premières actions invite à amplifier le mouvement, en tenant compte des réalités de chaque quartier et en évaluant régulièrement les résultats obtenus.
Un pari sur la confiance collective
En mobilisant ses réseaux, la franc-maçonnerie congolaise montre qu’elle peut contribuer aux efforts nationaux de cohésion. « Notre ambition est modeste : rallumer des étincelles d’espoir », résume un vénérable maître. Ce pari sur la confiance permet d’esquisser un futur où la jeunesse se reconnaît davantage citoyenne qu’errante.
