Une audience chaleureuse à Brazzaville
Annoncées pour la fin décembre, les Journées du vivre-ensemble dans le Pool prennent forme. Vendredi, le Nonce apostolique au Congo et Gabon, Mgr Javier Herrera Corona, a reçu le sénateur Jean-De-Dieu Kourissa pour évoquer ce projet de cohésion sociale.
Dans le salon lumineux de la Nonciature, les deux hommes, accompagnés de Joachim Mbanza et Placide Milandou, ont échangé pendant près d’une heure. Le sénateur a exposé le programme, les partenaires pressentis et les objectifs, avant de demander un accompagnement moral et spirituel de l’Église catholique.
Mgr Herrera Corona, habitué des projets inter-religieux, juge la démarche « importante et opportune ». Pour lui, « chacun doit assumer sa responsabilité pour bâtir la paix ». Ses mots sobres ont été accueillis par des sourires et quelques hochements de tête.
Le concept des Journées du vivre-ensemble
Nées d’un constat de fractures persistantes dans certaines communautés, les Journées du vivre-ensemble veulent offrir un espace de dialogue, de formations citoyennes et d’activités culturelles. Conférences, ateliers d’art oratoire, matches amicaux et veillées musicales rythmeront trois jours d’échanges ouverts à tous les habitants.
Le comité d’organisation assure que l’ensemble des confessions religieuses sera associé. « Nous voulons une plateforme inclusive », insiste Joachim Mbanza, chargé des relations inter-communautaires. Des représentants des administrations locales, des ONG de jeunesse et des associations féminines participeront également aux tables rondes.
Kinkala, symbole de résilience
Choisir Kinkala, chef-lieu du département du Pool, n’est pas anodin. La ville porte encore les stigmates des conflits passés, mais elle incarne aujourd’hui un désir profond de reconstruction. Ses quartiers se redessinent, ses marchés se remplissent et ses écoles accueillent de nouveaux élèves.
« Accueillir ces journées montre que Kinkala tourne la page et regarde l’avenir », confie la préfète du département, Eulalie Catherine Mampouya, qui promet un appui logistique. Les commerçants du marché central prévoient d’allonger leurs horaires pour profiter des visiteurs attendus.
Partenariat Église, société civile et pouvoirs publics
Le projet repose sur une articulation entre acteurs ecclésiaux, associations locales et administrations. Le diocèse de Kinkala mettra à disposition la cathédrale pour la messe inaugurale, tandis que la municipalité prévoit d’ouvrir le stade municipal aux manifestations sportives et au grand concert final.
Au niveau national, le ministère de la Jeunesse et des Sports encadrera les tournois, tandis que la Direction générale de la Promotion des valeurs civiques prépare un module sur la citoyenneté active. Les Forces de sécurité assureront prévention et premiers secours.
Un calendrier ambitieux jusqu’en 2026
Après cette première édition, l’équipe souhaite organiser une déclinaison dans chaque département dès 2026, avec une fréquence semestrielle. Pointe-Noire et Brazzaville sont déjà pressenties pour accueillir les prochaines dates, avant de passer le témoin à l’Owando puis au Kouilou.
Le budget prévisionnel de l’étape de Kinkala est évalué à trente-cinq millions de francs CFA, financés par le sénateur sur sa dotation d’initiative locale, complétés par des sponsors. Un rapport d’impact sera rendu public, afin d’orienter les éditions suivantes et d’attirer de nouveaux investisseurs.
Des attentes fortes sur le terrain
Dans le quartier Mawata, Blandine, 24 ans, espère participer aux ateliers d’employabilité. « Nous avons besoin d’outils pour créer notre propre activité », explique-t-elle. De son côté, le pasteur Daniel Nganga mise sur les séances de médiation pour « apaiser les tensions familiales ».
Les associations de femmes rurales proposent déjà des stands de dégustation pour valoriser la production locale de manioc et d’arachide. « Nous voulons prouver que la paix rime avec développement », souligne leur présidente, Maman Aïssatou, en installant des nappes colorées sur les tréteaux flambant neufs.
Un soutien diplomatique apprécié
En apportant sa caution, le Nonce apostolique envoie un signal à la fois religieux et diplomatique. Sa présence à Kinkala, annoncée mais non encore confirmée, donnerait un rayonnement international à l’événement. Le Vatican avait déjà salué la politique de dialogue promue par les autorités congolaises.
« L’Église se tient prête à accompagner toute initiative favorisant la fraternité », a rappelé Mgr Herrera Corona avant de conduire une prière dans la chapelle de la Nonciature. Pour beaucoup, cette bénédiction constitue un gage de sérénité et d’engagement éthique.
Enjeux pour la cohésion nationale
La tenue des Journées du vivre-ensemble s’inscrit dans la stratégie nationale de consolidation de la paix, portée depuis plusieurs années par le gouvernement. Les autorités y voient une façon concrète de traduire la devise « Unité, Travail, Progrès » au plus près des réalités quotidiennes.
Au-delà de l’événementiel, les organisateurs souhaitent laisser des traces durables : comités locaux de vigilance, réseaux de médiateurs formés, mini-bibliothèques citoyennes. « Nous ne voulons pas d’un feu de paille », insiste le sénateur Kourissa, convaincu que la cohésion sociale reste le socle du développement.
Les prochains jours seront donc consacrés à affiner la logistique et à mobiliser les partenaires. Si tous les voyants restent au vert, Kinkala deviendra, avant la fin de l’année, la première étape d’un parcours national de fraternité dont le Pool se veut le porte-drapeau.
