Brazzaville tourne la page après le congrès
Réunis le 4 novembre 2025 dans la salle polyvalente du Complexe sportif Claude-Mabouyou, les délégués de la Fédération congolaise de handball ont voté, sans dissension, une série de textes qui redessinent en profondeur la pratique du ballon collant au Congo-Brazzaville.
Portée depuis août par Ambroisine Linda Noumazalaye, première femme élue à la tête de la FECOHAND, l’équipe dirigeante voulait marquer son entrée en fonction par des décisions fortes, saluées sur place par les responsables de clubs, d’arbitres et d’associations d’anciens joueurs.
Visa fédéral obligatoire pour tout tournoi privé
Le point le plus commenté concerne la prolifération de tournois improvisés, financés par des promoteurs privés et très suivis sur les réseaux sociaux. Désormais, aucun ballon ne pourra être mis en jeu sans un visa officiel délivré par le secrétariat général de la fédération.
« Nous ne sommes pas contre l’initiative, souligne le secrétaire général rencontré au terme de la séance. Mais il faut protéger l’intégrité des compétitions nationales et la sécurité des joueurs ». Les contrevenants s’exposeront à une amende dont le montant n’a pas été rendu public.
Les clubs et joueurs qui se risqueraient à participer à ces événements parallèles pourront être suspendus des championnats fédéraux. La mesure, applaudie par les congressistes, vise à décourager ce que plusieurs ont nommé les « élans autonomistes » menaçant la cohésion de la discipline.
Sorties africaines sous contrôle renforcé
Autre chantier ouvert: la participation volontaire des clubs congolais aux coupes africaines. Jusqu’ici, certaines formations expédiaient directement leur dossier d’inscription à la Confédération africaine de handball. Dorénavant, tout passage passera par la FECOHAND, qui vérifiera solvabilité, logistique et respect du calendrier national.
Cette décision, expliquent les dirigeants, permettra d’éviter les forfaits de dernière minute qui jettent l’opprobre sur l’image du sport congolais. Elle ouvrira également la voie à un accompagnement financier plus transparent, le budget de chaque expédition devant désormais être annexé au plan quadriennal adopté.
Le secrétaire général insiste: « Il n’est pas question de brider l’ambition de nos clubs, mais d’assurer une représentation digne et conforme aux prescriptions internationales ». Le message a reçu l’assentiment des associations de supporters, souvent mises à contribution pour boucler les déplacements.
Une Ligue professionnelle dès 2026
Le congrès a entériné la naissance, dès la saison 2026, d’une Ligue professionnelle basée à Brazzaville. Ce nouveau championnat rassemblera les meilleures équipes de la capitale et de Pointe-Noire, avec des contrats standardisés et un plafond salarial fixant un cadre clair aux clubs.
Objectif affiché: retenir les talents formés localement, souvent tentés par les championnats scolaires étrangers ou les ligues amateurs d’Europe. En offrant des revenus réguliers et une couverture sociale, la fédération espère aussi encourager la reconversion des sportives à l’issue de leur carrière.
Selon un document de travail consulté par notre rédaction, la Ligue s’appuiera sur un partenariat public-privé associant opérateurs télécoms et annonceurs. Les rencontres seront diffusées en streaming sur une plateforme dédiée, une première qui devrait accroître la visibilité du handball congolais.
Statuts modernisés et critères d’éligibilité
Les congressistes ont également procédé à la révision de plusieurs articles des statuts, notamment ceux régissant l’éligibilité au poste de président. Pour briguer le mandat, il faudra être âgé d’au moins trente-cinq ans, disposer d’une expérience avérée de gestion sportive et présenter un casier judiciaire vierge.
Les candidats devront en outre déposer un projet de développement pour les quatre années du mandat. « Nous voulons que chaque futur dirigeant s’engage sur un programme précis, mesurable et financé », a précisé la présidente, visiblement déterminée à mettre fin aux candidatures d’intention.
Plusieurs observateurs notent que ces conditions rejoignent les orientations du ministère des Sports en matière de bonne gouvernance. Le rapprochement devrait faciliter la mobilisation de subventions publiques, essentielles pour soutenir la formation des entraîneurs et la mise à niveau des infrastructures régionales.
Un plan quadriennal pour relancer la dynamique
En clôture, les délégués ont adopté un plan quadriennal 2025-2029 détaillant les axes prioritaires: développement des jeunes, amélioration de l’arbitrage, digitalisation de la communication et création d’événements mixtes de promotion santé-sport dans les quartiers populaires de Brazzaville et Pointe-Noire.
Le budget 2025-2026 adossé à ce plan table sur une progression de 15 % des recettes, portée par l’augmentation des partenariats locaux et la billetterie digitalisée. Les sanctions disciplinaires antérieures ont par ailleurs été levées pour favoriser une unité jugée indispensable au redémarrage.
« L’appel à l’unité n’est pas qu’un slogan, insiste la présidente Noumazalaye. Il s’agit d’inviter les talents d’hier et d’aujourd’hui à remettre la main à la pâte pour faire briller notre drapeau ». Des applaudissements nourris ont ponctué la séance de clôture.
Avec ces résolutions, la FECOHAND espère faire du handball un véritable moteur de cohésion sociale et d’attractivité économique. Les prochains mois diront si le nouveau cap, ambitieux mais jugé réaliste, transformera l’essai et placera le Congo parmi les places fortes du continent.
