Un congrès attendu depuis 2007
Attendu depuis près de deux décennies, le deuxième congrès ordinaire de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale s’est tenu du 20 au 22 novembre 2025 à Brazzaville. La formation fondée par le professeur Pascal Lissouba retrouvait ainsi ses grandes assises nationales, treize ans après le précédent rendez-vous statutaire.
Pour la direction collégiale sortante, l’objectif principal consistait à actualiser les textes, à moderniser l’organisation et à rassembler les militants autour d’une vision unifiée. Les travaux devaient aussi tester la capacité du parti à dialoguer, à se remettre en question et à préparer sereinement les batailles électorales futures.
Une participation départementale record
Au total, 1 225 congressistes représentent les douze départements, des rives du Kouilou aux plateaux du Niari. Les délégations sont arrivées en cortège, arborant les couleurs du parti et une multitude de pancartes prônant l’unité. Cette affluence inédite a donné le ton d’un congrès présenté comme historique pour l’UPADS.
Répartis en commissions thématiques, les participants ont disséqué les rapports remontés des assises départementales organisées début octobre. Les débats, parfois vifs mais toujours encadrés, ont porté sur la gouvernance interne, la discipline, les finances, la formation des jeunes cadres et l’adaptation de la doctrine à la conjoncture nationale.
Pascal Tsaty Mabiala à la barre
Point d’orgue des travaux, l’élection du président du Conseil national a été tranchée dès le premier tour. L’ancien Premier secrétaire Pascal Tsaty Mabiala a obtenu une large majorité, confirmant son ancrage et son expérience. Ce poste fait désormais de lui le chef de l’exécutif et donc la figure centrale.
Dès l’annonce, l’intéressé a salué « un moment intense de bonheur et de fierté ». Devant la presse, il a rappelé que le parti avait déjà montré l’exemple d’un fonctionnement inclusif lors du congrès extraordinaire de 2013, instituant le vote à main levée baptisé université directe.
« Je connais le parti et les défis auxquels il est confronté », a-t-il poursuivi, promettant de mettre trois décennies d’engagement au service du renforcement organique. Son discours a insisté sur la cohésion, le respect des décisions collectives et la nécessité de soumettre la minorité à la majorité républicaine.
Jérémy Lissouba, visage du renouvellement
Sitôt élu, Pascal Tsaty Mabiala a proposé la nomination de Jérémy Lissouba comme secrétaire général. Le Conseil national a validé à l’unanimité, scellant l’arrivée d’une nouvelle génération au cœur du dispositif. Âgé d’une quarantaine d’années, le fils du fondateur incarne la continuité et l’ouverture sur les enjeux contemporains.
Dans les couloirs, plusieurs délégués saluent un « duo complémentaire ». « L’expérience de Pascal et l’énergie de Jérémy peuvent donner un nouvel élan », juge Huguette Mikenzi, coordinatrice pour la Sangha. Le principal intéressé promet d’écouter la base, de digitaliser la communication et de moderniser la gestion financière.
Un parti en pleine mue organisationnelle
Les nouveaux statuts votés renforcent le contrôle interne et la transparence. Des échéances régulières sont fixées pour la reddition des comptes, tandis que la parité et la représentativité des jeunes deviennent des critères incontournables. Plusieurs congressistes y voient une réponse aux attentes exprimées lors des dernières consultations de terrain.
Sur le plan idéologique, la doctrine sociale-démocrate est réaffirmée mais enrichie d’axes liés à la transition numérique, à l’économie verte et à la promotion du made in Congo. Les rédacteurs du programme insistent sur des partenariats publics-privés visant à créer de l’emploi sans s’écarter des valeurs de solidarité.
Aucune motion de défiance n’a été déposée, signe d’une atmosphère présentée comme apaisée. Les observateurs extérieurs, dont des représentants du PCT et du RDD, ont qualifié ce climat de « maturité démocratique ». Pour eux, l’UPADS confirme son rôle moteur dans l’enracinement du pluralisme sur la scène politique congolaise.
Prochaines étapes et feuille de route
La session inaugurale du nouveau Conseil national est annoncée pour le premier trimestre 2026. Elle devra installer le bureau, les commissions permanentes et valider un calendrier d’activités. Parmi les priorités figurent la redynamisation des fédérations locales, la formation des observateurs électoraux et la mobilisation des ressources adhésives nécessaires.
En parallèle, une tournée de remerciements est envisagée dans chaque département afin de restituer les conclusions du congrès et recueillir les doléances de la base. « Il faut garder le lien organique, pas seulement médiatique », glisse un militant de Dolisie, convaincu que la proximité reste l’atout majeur historique.
D’ici à la prochaine présidentielle, l’UPADS ambitionne de renforcer sa présence dans les conseils locaux et de soutenir des initiatives citoyennes autour de la santé communautaire, de l’éducation et de l’assainissement. La direction assure que ces actions s’aligneront sur les objectifs de développement impulsés par les autorités nationales.
Pour l’heure, les militants repartent confiants, persuadés que ce congrès de renaissance leur offre un cap clair. Le duo Tsaty Mabiala-Lissouba devra toutefois transformer l’essai, faire vivre les nouvelles règles et maintenir la dynamique d’unité afin de peser davantage dans le paysage politique congolais.
