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    Home»Culture»Fête de la musique à Brazzaville : les tambours ancestraux détrônent Spotify
    Culture

    Fête de la musique à Brazzaville : les tambours ancestraux détrônent Spotify

    BrazzavilloisPar Brazzavillois26 juin 2025Aucun commentaire6 Mins de Lecture
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    Brazzaville vibrait du nord au sud

    Le 21 juin, la moiteur subtile des soirées de saison sèche n’a pas suffi à tempérer l’agitation sonore qui a traversé Brazzaville. De Talangaï à Bacongo, les artères ont troqué le vrombissement des taxis contre les polyphonies des balafons, les appels du tambour ngoma et les grooves de guitares électriques plus familiers aux maquis. Aux dires des services municipaux, près de 80 000 personnes – un record depuis 2019 – se sont jointes à des concerts entièrement gratuits, renouant avec l’esprit d’ouverture souhaité par Jack Lang lors de la création de la Fête de la musique en 1982. L’édition 2024 portait un accent particulier : honorer la création musicale traditionnelle, un choix qui a fonctionné comme un fil utopique reliant les quartiers populaires aux hôtels chics, les étudiants aux patriarches.

    Dans la capitale congolaise, chaque site semblait raconter une histoire différente du patrimoine national. Le Centre culturel français, bastion classique de l’événement, proposait des fusions jazz-m’bongui. Sur la place de la République, les groupes scolaires entonnaient des cantiques bantous arrangés façon chorale urbaine. Mais c’est dans le huitième arrondissement, à Madibou, qu’a surgi la principale innovation logistique : l’hôtel Protea, converti pour une nuit en agora musicale, a changé la cartographie festive et montré qu’un établissement haut de gamme pouvait se mettre au diapason de la rue.

    Un thème consacré aux musiques patrimoniales

    Le ministère de la Culture avait prévenu : « La modernité sans mémoire est une impasse ». Conformément à cette maxime, la commission d’organisation a imposé le concept « Musiques traditionnelles, savoirs contemporains ». Les programmateurs ont donc privilégié des formations qui, tout en respectant les codes ancestraux, expérimentent des alliances avec le rap, le reggae ou l’afro-house. Le résultat fut un kaléidoscope d’ethnies, de dialectes et de signatures rythmiques souvent marginalisées dans les radios commerciales.

    Le public a redécouvert Elembe et Okongo, véritables sentinelles du chant initiatique téké, mais aussi Oyela, dont les danseurs ont recréé le rituel du ngoma maya. La présence tonitruante des Diable-Noirs musica de Tys le Feu Noir a ramené des airs de derby footballistique, tandis que Les Lions conquérants de la Tribu Kongo ont rappelé la parenté spirituelle entre le tambour atabak congolais et la rumba cubaine. « Nous jouons sur des peaux de chèvre tendues, pas sur des algorithmes », a lancé, sourire en coin, Diazayone, leader des Lions, sous les cris d’adhésion d’une foule chauffée à blanc.

    Madibou découvre un nouvel écrin sonore

    À quelques encablures de l’aéroport Maya-Maya, le quartier périphérique de Madibou n’avait jamais accueilli de manifestation artistique d’envergure comparable. L’hôtel Protea, souvent perçu comme une tour d’ivoire pour voyageurs d’affaires, a ouvert son parking et ses jardins aux percussions. Sous un ciel poudré d’étoiles, le décor mêlait stands d’artisans, effluves de grillades et installations lumineuses dignes des festivals européens.

    Pour Lilian Ndenguet, initiateur du site, l’enjeu dépasse la simple convivialité : « Décentraliser la culture, c’est dire à chaque enfant de Madibou que la création n’est pas confinée derrière les murs du centre-ville ». Les chiffres en attestent : l’événement a généré plus de 200 emplois temporaires – régisseurs, techniciens, vendeurs de boissons – et doublé le taux d’occupation de l’hôtel sur la période, prouvant qu’une fête populaire peut irriguer une économie de quartier.

    Témoignages d’artistes entre jubilation et plaidoyer

    La soirée a aussi été une tribune. « La musique contribue beaucoup dans la société. Elle édifie, elle égaye », a rappelé Diazayone, reprenant une formule chère aux griots de la région. Tys le Feu Noir, visage perlé de sueur, a salué « une guerre musicale mais pacifique », pointant l’idée que la joute artistique demeure le meilleur antidote aux tensions sociales. Quant à Aurélien Mampassi Dzoulou, président du groupe Vocal Lali, il voit dans cette édition « une expérience fructueuse parce que nous valorisons nos coutumes par la danse et le chant ».

    Leurs propos convergent vers une préoccupation commune : l’urgence de transmettre. Beaucoup craignent que la prospérité de la rumba, récemment classée patrimoine immatériel par l’UNESCO, n’éclipse d’autres héritages moins médiatisés. À entendre ces musiciens, la sauvegarde passe par la pratique incessante, l’introduction d’instruments vernaculaires dans les écoles et la création de résidences où maîtres tambourinaires et beatmakers échangent leurs savoirs.

    Impacts socio-économiques d’une célébration gratuite

    Si l’accès libre constitue l’ADN de la Fête de la musique, son financement reste un exercice d’équilibriste. Cette année, un consortium de brasseurs locaux, d’ONG culturelles et de start-up tech a couvert 65 % du budget, le reste venant de subventions publiques. Les autorités, soucieuses de répondre aux critiques sur le coût de la vie, soulignent que chaque franc investi a généré en retour 1,8 franc de retombées directes selon une étude interne relayée en séance plénière à l’Assemblée departementale.

    Les vendeurs de brochettes avouent avoir écoulé en une soirée l’équivalent d’une semaine de chiffre d’affaires. Les chauffeurs de mototaxi se déclarent satisfaits, même si certains déplorent l’absence de navettes post-minuit. Seules fausses notes : la vente informelle d’alcool improvisée qui a occasionné plusieurs malaises, et la saturation du réseau téléphonique à cause des directs sur les réseaux sociaux.

    Patrimoine immatériel et soft power congolais

    Derrière l’ambiance festive, la diplomatie culturelle congolaise peaufine son image. Le Bureau régional de l’UNESCO à Yaoundé avait dépêché deux observateurs qui s’intéressent à la candidature du ma Nzondo, danse de transe koongo, au titre de patrimoine immatériel de l’humanité. Montrer une foule jeune dansant le ma Nzondo sous néons est un argument de taille pour prouver la vitalité d’une tradition pluriséculaire.

    Le ministère des Affaires étrangères parle déjà de tournées croisées avec la Côte d’Ivoire et le Bénin. Brazzaville espère que ces échanges renforceront ses liens avec la diaspora et dynamiseront les filières créatives. « Nos tambours sont nos premiers passeports », confiait un diplomate présent incognito dans la foule, visiblement convaincu que la scène du Protea valait toutes les brochures touristiques.

    Perspectives pour une édition encore plus inclusive

    Alors que les dernières notes s’éteignaient, l’organisation projetait déjà 2025. Parmi les pistes, la création de scènes mobiles circulant dans les zones semi-rurales du Pool, la formation d’une brigade verte pour collecter les déchets en temps réel et l’instauration d’un concours de luthiers destinés à récompenser l’innovation artisanale. Les artistes, eux, plaident pour un streaming public des prestations afin de toucher les Congolais de la diaspora, sans renoncer à la gratuité sur place.

    À Brazzaville, on mesure enfin la portée symbolique d’une fête qui, depuis 43 ans, rappelle qu’aucun algorithme ne remplacera le frisson collectif provoqué par une peau de tambour frappée à l’unisson. La capitale congolaise a prouvé que ses rythmes ancestraux ne sont pas des reliques mais le pouls même de sa modernité. Le défi sera désormais de maintenir cet équilibre délicat entre transmission, innovation et accessibilité afin que chaque 21 juin demeure un rendez-vous d’oxygène culturel pour la jeunesse urbaine.

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