Un coup d’envoi symbolique sous le ciel de Mpila
Il est un peu plus de seize heures, ce dimanche estival, lorsque le sifflet inaugural retentit sur la pelouse rajeunie du Lycée technique 5 Février. À quelques encablures du fleuve, dans le quartier Mpila, la 15ᵉ édition du tournoi « Ouenzé lisanga » est lancée par Juste-Désiré Mondélé, député de la circonscription et membre du gouvernement chargé de l’assainissement urbain, du développement local et de l’entretien routier. Par-delà les rubans protocolaires, c’est l’idée d’un espace commun offert aux vacances scolaires qui se matérialise. La rencontre inaugurale, disputée entre l’A.S. Dépôt et l’équipe « 42 ans », s’achève sur un score de parité, un partout, rappelant que la principale victoire reste la participation.
Le décor a réuni des figures emblématiques du football national, de l’ancien buteur Franchel Ibara au populaire Ange Ngapi, venues témoigner d’une fidélité à la jeunesse brazzavilloise. Cette convergence d’acteurs institutionnels et sportifs confère à la manifestation une portée bien au-delà d’un simple tournoi inter-quartiers ; elle incarne un rendez-vous civique où se rencontrent les aspirations de la base et les engagements du sommet.
Le sport, vecteur de cohésion sociale et d’insertion
Dans un arrondissement densément peuplé où plus de la moitié des habitants ont moins de vingt-cinq ans, le ballon rond apparaît comme un langage universel. Pour Juste-Désiré Mondélé, « ces rencontres forment un carnet d’adresses citoyen ; elles apprennent le dépassement de soi et la discipline ». Les seize équipes, issues des dix quartiers de Ouenzé, se partagent un calendrier serré jusqu’au 12 août, transformant chaque après-midi en agora populaire. Les tribunes improvisées deviennent l’endroit où se tissent des solidarités, les rivalités étant contenues par un fair-play érigé en doctrine.
Le tournoi se double par ailleurs d’un programme d’accompagnement : consultation médicale gratuite à l’entrée du stade, prévention contre les comportements à risque et distribution de prospectus consacrés à l’assainissement urbain. Ces volets périphériques traduisent la conviction qu’un événement sportif peut être un levier d’insertion sociale et un incubateur de bonnes pratiques environnementales.
Sous la bannière des politiques publiques de jeunesse
La tenue régulière du « Ouenzé lisanga » s’inscrit dans l’architecture plus large du Plan national de développement 2022-2026, qui consacre un volet substantiel à la valorisation des capacités sportives et culturelles des jeunes. En associant des institutions scolaires, des associations de quartier et des partenaires privés, le comité d’organisation illustre cette gouvernance concertée à laquelle appelle le ministère en charge de la jeunesse. Le secrétaire exécutif du Conseil consultatif de la jeunesse, Michrist Kaba-Mboko, présent lors de l’ouverture, a souligné la « dimension participative et inclusive » de l’événement, saluant une synergie qui renforce la politique gouvernementale de proximité.
Le soutien matériel octroyé – jeux de maillots neufs, ballons thermocollés, indemnités pour les arbitres – n’est pas seulement symbolique. Il témoigne d’une orientation résolue vers la professionnalisation progressive du mouvement mwanafoot, horizon dans lequel plusieurs jeunes talents, déjà repérés par les recruteurs, pourraient intégrer des centres de formation agréés.
Regards d’experts : entre détection et formation
L’ancien défenseur Chaleur Mouyabi, voix respectée des stades, exhorte les autorités à « maintenir un cap budgétaire constant, sans quoi la quête de l’excellence restera un vœu pieux ». Son propos est relayé par Willy Endzanga, qui voit dans « Ouenzé lisanga » un laboratoire où s’évalue la densité technique de la relève nationale. La présence d’observateurs de clubs de première division confirme qu’une passerelle est désormais envisagée entre compétition communautaire et championnat élite.
Des éducateurs rappellent toutefois que la détection de talents n’est qu’une étape : sans encadrement scolaire et sanitaire, les promesses sportives s’étiolent. C’est pourquoi les organisateurs ont prévu, en marge des matches, des séances d’alphabétisation numérique et des ateliers sur la nutrition. Cette approche holistique est saluée par les parents, pour qui le tournoi devient un prolongement éducatif des vacances.
Perspectives : semer aujourd’hui, récolter demain
Au-delà des trophées et des cris de joie, l’édition 2025 laisse entrevoir un avenir où chaque quartier pourrait se doter d’un terrain réglementaire, tel que le prévoit le schéma directeur d’urbanisme sportif. Juste-Désiré Mondélé promet de soumettre, à la prochaine session parlementaire, un plaidoyer pour un fonds local d’entretien des infrastructures de proximité. À ses yeux, « la durabilité de nos efforts dépendra de notre capacité collective à préserver ces espaces ».
À mesure que s’égrènent les rencontres, la population de Ouenzé redécouvre un sentiment d’appartenance nourri par l’émulation positive. Le stade devient un lieu d’apprentissage citoyen où l’on comprend que la cohésion, comme la victoire, se construit passe après passe. Si l’adolescence est le moment des promesses, « Ouenzé lisanga » entend en être la preuve tangible, transformant chaque dribble en argument pour l’avenir et chaque applaudissement en note d’espoir pour Brazzaville.