Un vent citoyen souffle sur Djiri
Depuis la publication officielle du décret lançant la révision des listes électorales, le neuvième arrondissement de Brazzaville voit naître une effervescence civique inédite. Associations, autorités locales et simples riverains multiplient les initiatives pour encourager l’inscription.
Au cœur de cette dynamique, le mouvement « Dynamique Jeunesse de Djiri », conduit par Samarange Gordani Poukouo, veut placer la génération montante aux commandes des urnes afin qu’elle devienne force de proposition et non simple spectatrice.
Les enjeux de la révision électorale 2024
La révision en cours actualise le fichier national avant les consultations prévues l’an prochain. Pour les démographes, elle garantit la crédibilité du scrutin en éliminant les doublons et en intégrant les nouveaux majeurs.
Dans un arrondissement qui compte un important vivier d’étudiants et d’artisans, chaque inscription pèse. Plus la liste est à jour, plus les projets locaux – raccordement à l’eau, éclairage, routes secondaires – trouvent un écho fidèle dans les urnes.
« Mettre à jour son nom, c’est aussi défendre son quartier », rappelle Ange Mouandza, sociologue à l’université Marien-Ngouabi, soulignant la corrélation entre taux de participation et investissements publics.
Le ministère de l’Intérieur rappelle que la révision répond aux dispositions de la loi électorale de 2016, qui impose une mise à jour annuelle. Cette régularité, selon le juriste Pierre Oba, « conforte la confiance des citoyens dans les institutions ».
Une mobilisation de terrain inédite à Djiri
Depuis trois semaines, une cinquantaine de volontaires sillonnent les artères poussiéreuses, munis de registres explicatifs. Chaque matin, ils frappent aux portes, exposent les pièces requises et notent les préoccupations des ménages.
Le président de la plate-forme insiste sur la proximité. « Nous n’attendons pas que les jeunes viennent à nous, c’est nous qui allons vers eux, y compris dans les parcelles enclavées », explique Samarange Gordani Poukouo, sourire aux lèvres.
Les chefs de quartiers relaient l’information lors des réunions coutumières du soir. Certains mobilisent même des mégaphones pour rappeler la date limite d’enregistrement, transformant les carrefours en agora citoyenne.
Au-delà du porte-à-porte, un mini-bus décoré aux couleurs nationales stationne devant les établissements secondaires aux heures de sortie. Les animateurs y distribuent formulaires et prospectus, évoquant un « guichet mobile » très prisé.
Le relais numérique des jeunes volontaires
Conscients que beaucoup de primo-inscrits s’informent en ligne, les bénévoles ont créé une page Facebook et un compte TikTok. Vidéos courtes, tutoriels et lives répondent aux questions en temps réel.
En moyenne, chaque publication atteint dix mille vues. « L’algorithme travaille pour nous, il suffit d’un partage pour toucher tout le quartier », observe Mireille Ngoma, étudiante et community manager du collectif.
La stratégie numérique sert aussi à recueillir des retours. Un formulaire en ligne, rempli par 400 jeunes en cinq jours, signale les points d’affluence et propose des créneaux nocturnes d’inscription pour les travailleurs postés.
Les groupes WhatsApp de quartier, initialement dédiés aux petites annonces, se transforment en canaux de rappel. Des messages vocaux en lingala et en kituba circulent chaque soir pour engager ceux qui hésitent encore à franchir la porte des commissions.
Jeunesse, citoyenneté et avenir
Selon les chiffres provisoires de la sous-préfecture, Djiri compte déjà 12 000 nouveaux inscrits, dont plus de 60 % âgés de moins de 30 ans. Un record salué lors de la dernière réunion de coordination.
Pour les jeunes interrogés, l’enjeu dépasse le simple vote. Il s’agit d’obtenir une carte qui facilite l’accès aux concours, aux banques et aux formations, preuve supplémentaire que civisme et opportunités marchent main dans la main.
« Inscris-toi, sinon tu laisses d’autres décider à ta place », martèle Ahmed, 24 ans, animateur dans une maison de jeunes. Le slogan colle désormais sur les murs des cybercafés et des ateliers mécaniques.
Au-delà de l’arrondissement, le mouvement inspire. Des délégations venues de Makélékélé et de Talangaï échangent déjà sur la méthodologie afin de reproduire l’expérience, preuve d’un engouement national pour l’engagement juvénile.
Le ministère de la Jeunesse a salué, dans un communiqué, cette ferveur et promet un appui logistique. Des kits de sensibilisation et des gilets floqués seront remis aux associations les plus actives afin de sécuriser et d’identifier les équipes sur le terrain.
Modalités pratiques et calendrier
L’opération de révision se poursuivra jusqu’au 30 juillet, de 8 heures à 16 heures, dans les écoles primaires et les mairies de proximité. Les pièces exigées sont l’acte de naissance ou la carte d’identité, plus un justificatif de domicile.
Les équipes mobiles installent également des stands temporaires sur les marchés de Nkombo et de Wenze Mabiala chaque week-end, afin de toucher les commerçants qui travaillent aux heures d’ouverture des commissions fixes.
Une fois l’opération close, la commission locale entamera la phase d’affichage et de réclamations. Les inscriptions validées seront ensuite centralisées à Brazzaville pour consolidation du fichier national avant la publication des listes définitives.
Nul ne sera enregistré après la date butoir, préviennent les autorités.