Un retour en classe très attendu
Sous un ciel encore brumeux de saison sèche, les cloches ont retenti mercredi 1er octobre dans plus de 6 000 établissements du pays. Après trois mois de coupure, élèves et professeurs ont repris le chemin de l’école pour l’année 2025-2026.
À Brazzaville, la cour du lycée technique commercial 1er Mai s’est emplie de chemises impeccables, de masques encore portés par précaution sanitaire et d’une nervosité palpable. Pour beaucoup de parents, la rentrée représente un espoir renouvelé de réussite sociale pour leurs enfants.
Visite ministérielle à Brazzaville
Pour accompagner ce redémarrage, les ministres Ghislain Thierry Maguessa Ebomé, en charge de l’Enseignement technique et professionnel, et Jean-Luc Mouthou, responsable de l’Enseignement général, ont sillonné les salles du lycée 1er Mai puis celles du lycée de la Révolution, dans l’arrondissement 5 Ouenzé.
Accompagnés du conseiller du Président de la République chargé de l’éducation, le professeur Louis Bakabadio, les deux membres du gouvernement ont reçu les honneurs lors de la levée des couleurs avant d’échanger longuement avec les chefs d’établissement, les délégués d’élèves et plusieurs parents venus s’informer.
Le message du triptyque travail-discipline-rigueur
Face à des rangées studieuses, le ministre Maguessa Ebomé a rappelé que la réussite du plan national de développement passe par une jeunesse « mieux préparée aux défis ». Il a insisté sur la formule travail-discipline-rigueur, qualifiée de boussole pour les neuf mois d’études.
Son collègue Jean-Luc Mouthou a enchaîné, décrivant la rentrée comme « un nouveau départ » après l’évaluation menée l’an passé sur les performances scolaires. Devant les enseignants, il a plaidé pour une stabilité des cours et un dialogue apaisé avec les syndicats afin d’éviter les interruptions.
Réforme du baccalauréat unique confirmée
La réforme instaurant une session unique pour les baccalauréats général et technique, appliquée à titre pilote l’an dernier, sera pérennisée. Maguessa Ebomé a souligné le « gain de lisibilité » qu’elle apporte, tant pour les familles que pour les recruteurs, en harmonisant les calendriers et barèmes.
Des ajustements techniques sont néanmoins prévus. Les centres d’examen de l’intérieur recevront des scanners supplémentaires pour transmettre les copies numérisées vers Brazzaville dans les délais. Le ministère promet également d’élargir le format des sujets pratiques afin d’évaluer davantage les compétences professionnelles des candidats de filières techniques.
Des infrastructures en constante évolution
Sur le terrain, Jean-Luc Mouthou a salué « l’attention constante » portée par le chef de l’État à la modernisation des écoles. Quatre nouveaux lycées, dont deux à Pointe-Noire, ouvriront prochainement, tandis que treize bâtiments vétustes ont déjà été réhabilités grâce au financement partenarial.
Pour renforcer l’équité territoriale, le gouvernement étudie la construction de deux internats publics dans les plateaux. Selon le professeur Bakabadio, ces structures permettront aux élèves des zones rurales de « suivre un cursus complet dans des conditions dignes, sans s’exiler loin de leur famille ».
En coulisses, paroles d’élèves et de professeurs
Dans la salle de sciences physiques du lycée de la Révolution, Arielle, élève de Première, confie avoir révisé tout l’été pour « viser une mention ». Elle estime toutefois que la réussite passera aussi par la ponctualité des cours, souvent perturbés par l’absentéisme national.
Côté enseignants, M. Ndzalé, professeur de mathématiques, salue les visites officielles mais attend « des manuels et de la craie toute l’année ». Il rappelle que le triptyque évoqué par les ministres ne peut porter ses fruits que si le matériel pédagogique suit le même rythme.
Des syndicats comme le Sypeb évoquent déjà la nécessité d’un dialogue continu. « Nous privilégions la concertation », affirme leur représentant, invitant les membres du corps enseignant à transmettre leurs doléances par les canaux établis plutôt que par des arrêts brusques de cours.
Objectif: une année paisible et performante
Interrogée sur la sécurité, Christelle Fifie Mouelé, directrice de la lutte contre la fraude et les violences scolaires, rappelle que chaque établissement dispose désormais de référents pour signaler rapidement tout incident. Elle encourage les familles à s’impliquer dans la prévention de l’indiscipline et des dérives numériques.
Le ministère lance par ailleurs une plateforme d’orientation en ligne qui guidera les élèves de Terminale dans leurs choix post-bac. Testée auprès de 2 000 volontaires l’an dernier, elle sera généralisée afin de réduire les abandons précoces et d’adapter l’offre de formation aux besoins.
Si la rentrée demeure timide dans certaines zones fluviales, la navigation scolaire est assurée par soixante-dix pirogues motorisées nouvellement inspectées. Un dispositif d’alerte météo sera couplé à Radio-Congo pour éviter les traversées dangereuses pendant la saison des pluies qui débute en novembre.
Dans un dernier mot, les deux ministres se sont dits confiants, rappelant que « le premier pas est déjà franchi ». Ils invitent les 1,8 million d’apprenants à maintenir l’effort quotidien afin de transformer l’engagement gouvernemental en résultats mesurables à la fin de l’année.
Des examens blancs anticipés en février offriront aux élèves un repérage précoce.