Une ville unie en rose et blanc
Un samedi matin, Pointe-Noire s’est réveillée dans une mer de tee-shirts roses et blancs. Jeunes, familles, travailleurs et retraités avaient répondu à l’appel de l’Ong Élan de cœur pour clore la campagne Octobre rose.
Selon le communiqué des organisateurs, près de deux cents personnes se sont regroupées sur la côte sauvage avant l’aurore, échauffement musical à l’appui, pour transformer l’effort sportif en moment festif et solidaire.
Les passants, intrigués par cette déferlante colorée, ont sorti leurs téléphones pour immortaliser l’événement tandis que les klaxons d’encouragement accompagnaient déjà les premiers pas des participants.
Le rose, couleur symbole de lutte contre le cancer, s’est ainsi mêlé au bleu du ciel côtier, rappelant l’importance du soutien communautaire face aux maladies graves.
Un parcours de 8,5 km chargé d’émotion
À 7 h précises, le ruban a été coupé et la colonne s’est engagée sur l’avenue Charles-de-Gaulle, direction La Citronnelle, sous l’œil curieux des riverains encore installés aux terrasses.
En traversant les quartiers Maison Sans Frontières, Elais puis Kactus, la marche a provoqué des salves d’applaudissements, certains commerçants offrant même des fruits aux participantes.
Le peloton s’est ensuite étiré jusqu’au Casino et au-delà, avant de bifurquer vers la gendarmerie Mpita, symbole de sécurité sur un itinéraire sans blocage de circulation notable.
Un pas pour la vie, slogan partagé
En tête de cortège, une banderole proclamait le thème choisi : Un pas pour la vie, un pas contre le cancer, résumé clair de l’esprit de la manifestation.
Chaque kilomètre franchi déclenchait une clameur et des chants improvisés, comme si la ville entière poussait les femmes touchées par la maladie à garder confiance.
« Voir tant de personnes marcher à nos côtés est un baume au cœur », confiait Mireille, participante récemment opérée, essuyant quelques larmes derrière ses lunettes de soleil.
Des hommes, parfois peu concernés dans l’imaginaire collectif, portaient le ruban rose fièrement, rappelant que la solidarité ne connaît ni genre ni âge.
Écouter les conseils du Dr Rock Armand Doukaga
À l’arrivée, la pelouse aménagée de la côte sauvage s’est transformée en forum médical improvisé, animé par le chef du service gynécologie de l’hôpital A. Cissé, le Dr Rock Armand Doukaga.
Devant une assistance attentive, le praticien a rappelé l’importance de l’autopalpation mensuelle et de la consultation rapide dès l’apparition d’un nodule ou d’un changement cutané inhabituel.
Il a insisté sur le fait qu’un diagnostic précoce augmente considérablement les chances de guérison, soulignant que « négliger un signe, c’est donner du temps à la maladie ».
Ses propos ont été relayés sur les réseaux sociaux par plusieurs participantes, afin de prolonger l’impact au-delà de la journée et toucher celles restées au foyer.
La présidente Nadine Hounsinou Ngari galvanise
Micro en main, la présidente de l’Ong, Nadine Hounsinou Ngari, a remercié les volontaires et partenaires qui, depuis trois ans, soutiennent son jeune mouvement tourné vers la santé des femmes.
« Chaque geste compte, chaque sourire donné le long de la route compte aussi », a-t-elle lancé, invitant les bénévoles à rester mobilisés même après les feux médiatiques d’Octobre rose.
La dirigeante a rappelé que l’initiative vise également à combattre l’alcoolisme, le tabagisme et les drogues, facteurs qui fragilisent davantage la santé des plus vulnérables.
Son message d’amour, de discipline et de solidarité a été salué par des applaudissements nourris, beaucoup promettant de devenir membres actifs de la prochaine campagne.
Octobre rose se referme, l’élan reste
Dans les discussions d’après-course, un mot revenait sans cesse : continuité, signe que la lutte ne s’arrête pas avec la fin officielle du mois de sensibilisation.
Plusieurs participantes ont déjà planifié des rendez-vous de dépistage dans les jours suivants, prouvant que la marche agit comme déclencheur concret.
Selon Élan de cœur, ces engagements seront consignés dans un rapport public consultable pour mesurer l’impact réel de l’action au-delà de l’émotion du jour.
Élan de cœur, une jeune ONG déjà engagée
Fondée en 2022, l’association a su rapidement mobiliser un réseau de volontaires dans les deux principales villes du pays, Pointe-Noire et Brazzaville.
Ses campagnes mêlent ateliers pratiques, interventions scolaires et actions sportives, formule jugée efficace pour toucher à la fois la jeunesse et les adultes actifs.
Un calendrier d’activités est mis à jour tous les trimestres afin que chacun puisse s’impliquer selon ses disponibilités, qu’il s’agisse d’un don de temps ou de matériel.
Vers une édition 2025 encore plus mobilisatrice
Avant de clore la cérémonie, Nadine Hounsinou Ngari a dévoilé les premières pistes de l’édition 2025, promettant d’étendre la marche à plusieurs arrondissements simultanément.
L’idée est de multiplier les points de départ pour permettre aux quartiers périphériques de se sentir pleinement impliqués, tout en évitant les grands regroupements devenus difficiles à gérer logiquement.
Elle a également annoncé la création prochaine d’un fonds de solidarité interne destiné à accompagner les patientes dans leurs frais de transport vers les structures de soins.
En conclusion, la responsable a lancé un dernier appel : « Rendez-vous en octobre prochain, plus nombreux, plus soudés, parce que chaque vie mérite cet engagement collectif. »
