La crise des déchets s’invite à Pointe-Noire
Depuis l’arrêt des prestations de la société Averda, puis la mise en sommeil du concessionnaire turc Albayrak, les bennes se sont figées et les ordures ont envahi les carrefours de Pointe-Noire, jusqu’à former de véritables collines visibles depuis les grandes artères.
La situation, qualifiée d’« urgence environnementale » par plusieurs associations locales, a créé des décharges sauvages dans chaque arrondissement et favorisé la prolifération de moustiques, rats et cafards, avec un impact direct sur la circulation et l’image d’une capitale économique en plein essor.
Face aux plaintes répétées des riverains et aux risques sanitaires grandissants, les autorités départementales ont sollicité un appui de la force publique, s’appuyant sur les orientations du Président de la République qui insiste, depuis plusieurs années, sur le rapprochement constant entre défense, sécurité et services aux citoyens.
Une réponse musclée de la DGFE
Le Colonel-major Michel Innocent Peya, directeur général des Finances et de l’Équipement de la Police et de la Gendarmerie, a ainsi activé l’Unité d’Assainissement et de Protection de l’Environnement, créée par décret en février 2025, pour lancer une vaste campagne de collecte des déchets.
En moins de vingt-quatre heures, plusieurs détachements d’ingénierie civile, appuyés par des camions bennes, chargeurs frontaux et engins de balayage, ont été déployés sur les marchés, axes routiers et abords d’écoles, traduisant la capacité d’intervention rapide de la DGFE.
« Notre mission va au-delà de la sécurité, nous devons garantir un cadre de vie digne », a rappelé le colonel-major Peya lors d’un briefing matinal, soulignant que l’opération s’inscrit pleinement dans la vision gouvernementale de modernisation des services publics et de protection de l’environnement.
Un marché transformé à Tié-Tié
Premier site traité, le marché de la Liberté, longtemps recouvert de déchets organiques et plastiques, a retrouvé, après deux jours, ses allées dégagées et ses étals ventilés, permettant aux commerçantes de reprendre leurs habitudes dans des conditions nettement plus salubres.
Les vendeuses ont ponctué la dernière rotation des camions par une salve d’applaudissements et une distribution improvisée de bouteilles d’eau aux agents, geste que la maire de Tié-Tié a décrit comme « le signe d’un partenariat retrouvé entre habitants et forces républicaines ».
Des atouts logistiques rarement vus
Dotée d’un atelier mécanique interne et d’un stock de pièces détachées, l’unité d’assainissement peut remettre en route un convoi complet en quelques heures, évitant ainsi les ruptures de service qui avaient paralysé les opérateurs privés au plus fort de la crise.
Cette organisation, souvent perçue comme cantonnée à l’administration, révèle une polyvalence saluée par plusieurs urbanistes, pour qui la mutualisation des moyens de l’État réduit les coûts, améliore la réactivité et offre une alternative crédible en cas de défaillance des concessionnaires.
Santé publique: un enjeu de saison
La saison des pluies accentue la stagnation des eaux et la dispersion des ordures ménagères, créant des foyers parfaits pour le choléra, la typhoïde ou le paludisme, rappellent les épidémiologistes de l’hôpital Adolphe-Sicené, situé à quelques rues du front de mer.
En éliminant plus de mille tonnes de déchets en une semaine, la DGFE réduit la concentration des vecteurs pathogènes et rassure les familles, qui redoutaient une flambée de cas similaires à celle enregistrée dans certains quartiers de Brazzaville en 2022, selon la presse spécialisée locale.
Le docteur Natacha Koumba estime que « la mobilisation des forces de l’ordre constitue un atout de santé publique, car elle garantit la continuité des actions même la nuit, lorsque les dépôts clandestins se multiplient », insistant sur la nécessité d’un suivi épidémiologique continu.
Sécuriser l’énergie en éliminant les brûlis
À Ngoyo, des habitants brûlaient des monticules de détritus amassés sous les pylônes électriques reliant Pointe-Noire à Brazzaville, une pratique dangereuse pouvant entraîner des coupures massives, paralyser les PME et plonger des quartiers entiers dans l’obscurité aux heures de pointe.
Les équipes de la DGFE ont retiré ces amas avant d’installer des panneaux de sensibilisation et de renforcer les rondes nocturnes. Le gestionnaire du réseau national a salué une action « qui protège des infrastructures vitales et soutient la compétitivité de la capitale économique ».
Un modèle de proximité salué
Pour la maire de Tié-Tié, cette opération illustre la concrétisation de la politique de modernisation des services publics voulue par le chef de l’État, en montrant que la sécurité se conjugue désormais avec l’entretien urbain et la réponse aux attentes quotidiennes des citoyens.
Plusieurs associations de jeunesse ont proposé de constituer des brigades vertes volontaires afin d’entretenir les zones libérées, tandis que la DGFE envisage de former des relais communautaires pour remonter les alertes. Cette dynamique conforte le lien armée-nation esquissé par les autorités depuis plusieurs années.
À l’issue de la première phase, le colonel-major Peya a annoncé l’extension du programme aux quartiers périphériques et la mise en place d’indicateurs de performance, « afin d’ancrer durablement la culture de la propreté et de responsabiliser chaque acteur de la chaîne ».
