Yasika 2025 : un tremplin pour la jeunesse
Clap de fin, mais pas de pause, pour les jeunes pousses congolaises engagées dans la promotion Yasika 2025. Lancé par Joule, l’école d’entrepreneuriat d’Eni, le programme a présenté à Brazzaville, le 31 octobre, les résultats d’un cycle d’incubation jugé prometteur par tous les partenaires.
Plus de dix start-ups, pilotées par des entrepreneurs de 26 à 35 ans, ont bénéficié d’un accompagnement technique et commercial structuré : formations, mentorat, mise en relation avec des industriels, débouchant sur quatre contrats directs signés avec Eni pour déployer leurs solutions sur le terrain congolais.
Incubation Yasika 2025 : bilan positif
D’entrée, Andrea Barberi, directeur général d’Eni Congo, a salué « une contribution concrète au développement économique et durable de la République du Congo », rappelant que la major énergétique travaille depuis cinq décennies avec les autorités pour valoriser les ressources locales tout en diversifiant les emplois.
Le programme Yasika s’inscrit dans l’objectif gouvernemental de dynamiser l’écosystème entrepreneurial, en complément des initiatives publiques d’incubation déjà actives à Brazzaville et Pointe-Noire. Les institutions locales présentes à la cérémonie ont souligné la complémentarité entre soutien privé, cadres réglementaires et infrastructures numériques.
Des solutions vertes au cœur de la sélection
Parmi les jeunes pousses mises en lumière, plusieurs plateformes numériques facilitent désormais la mise en relation entre agriculteurs, transformateurs et consommateurs, raccourcissant la chaîne de valeur et limitant les pertes post-récolte, enjeu majeur identifié par le ministère de l’Agriculture.
D’autres start-ups se sont positionnées sur la valorisation des déchets, convertissant des rebuts de scieries et de palmistes en briquettes combustibles. Cette solution contribue à l’économie circulaire, réduit la pression sur les forêts et offre une énergie abordable pour les ménages périurbains.
L’usage de drones pour l’agriculture de précision a également retenu l’attention. En cartographiant les parcelles, en détectant les stress hydriques et en optimisant l’épandage, la technologie permet aux exploitants de gagner jusqu’à 20 % de rendement et de diminuer l’emploi d’intrants chimiques.
Mentorat, financement, réseau : un accompagnement complet
Pendant six mois, les porteurs de projet ont suivi des sessions d’upskilling dispensées par des experts d’Eni Joule et par des coachs locaux. Les modules ont couvert la gestion financière, la protection intellectuelle, le marketing digital, mais aussi la conformité aux normes environnementales congolaises.
Chaque start-up a disposé d’un mentor dédié, souvent un cadre d’Eni ou un ancien lauréat, pour challenger les business models et ouvrir des portes auprès des banques partenaires. Quatre dossiers ont convaincu les équipes achats d’Eni Congo, débouchant sur des contrats pilotes.
Le financement direct n’était pas l’unique atout : un accès préférentiel aux données techniques du projet Congo LNG a été concédé aux start-ups travaillant sur l’efficacité énergétique, tandis qu’un espace de prototypage a été mis à disposition dans la zone industrielle de Maloukou, à cent kilomètres de Brazzaville.
Un impact local déjà palpable
Six mois après le démarrage, les plateformes agroalimentaires traitent en moyenne 15 tonnes de produits par semaine, selon les chiffres consolidés chez Joule. Les agriculteurs partenaires attestent d’un gain de revenus de l’ordre de 12 % grâce à la vente directe, sans intermédiaire supplémentaire.
Dans la banlieue nord de Brazzaville, la jeune pousse spécialisée dans les briquettes emploie déjà dix personnes et envisage de doubler sa ligne de production d’ici juin. L’entreprise redistribue également des sous-produits organiques à des maraîchers, fermant ainsi la boucle des déchets végétaux.
Pour la start-up de drones, trois coopératives agricoles du Pool testent la solution depuis septembre. Les premiers relevés montrent une réduction de 25 % de l’usage d’eau sur les plantations de manioc et un repérage plus précoce des maladies foliaires.
Prochaine édition : un engouement croissant
Forte de ce bilan, Eni Joule a ouvert les candidatures pour l’édition 2026 dès la remise des diplômes. Plus de 100 dossiers ont été enregistrés en trois semaines, soit le double de la précédente session, preuve d’un appétit grandissant pour l’entrepreneuriat à impact.
La période de soumission s’étend jusqu’au 15 janvier 2026. Les critères, précisés sur la plateforme officielle, insistent sur les projets relevant de l’agritech, du climate tech et de la green economy, en phase avec les priorités nationales de diversification et de réduction des émissions.
Interrogé en marge de la cérémonie, un responsable du ministère des PME a rappelé que « le gouvernement soutient toutes les initiatives qui renforcent la compétitivité des jeunes entreprises et créent de la valeur au pays ». Des discussions sont en cours pour faciliter l’accès des lauréats aux marchés publics.
En s’appuyant sur des partenariats publics-privés et sur la force de son réseau international, Yasika ambitionne ainsi d’ancrer durablement la culture de l’innovation au Congo-Brazzaville, tout en offrant aux jeunes talents l’opportunité de participer activement à la transition énergétique mondiale.
Au-delà du soutien financier, le programme mettra l’accent l’année prochaine sur le suivi post-incubation, en déployant un fonds d’amorçage interne et un dispositif de mentorat pair-à-pair. Objectif affiché : accompagner les jeunes pousses jusqu’à leur première levée de fonds institutionnelle ou leur entrée sur un marché export.
